La domination masculine
AVANT-PREMIÈRE EXCEPTIONNELLE vendredi 6 novembre à 20h30 à Toulouse en présence de Patric JEAN, le réalisateur (la sortie nationale du film est prévue en effet au 25 Novembre seulement…), en collaboration avec L’APIAF (achetez vos places à l’avance, à partir du samedi 24 octobre aux tarifs habituels du cinéma).
Patric JEAN - documentaire Belgique/France 2009 1h40mn -
On tient enfin le film indispensable, incontournable pour évoquer auprès de nos chères têtes blondes, brunes, rousses, noires, jaunes, café au lait… un sujet qui gangrène vos salles de classe de manière frontale ou plus insidieuse : le sexisme et son corollaire l’homophobie. La Domination Masculine a l’immense avantage de parvenir à montrer de manière simple, parfois drôle malgré la gravité du sujet, et à partir d’une enquête rigoureuse menée en France, en Belgique et au Québec, une évidence pourtant souvent contestée par les machos de tout poil : malgré les combats féministes et leurs acquis, nous vivons toujours, même en Occident, dans une société patriarcale, où dès le plus jeune âge les modes de représentation sexués sont imposés, où la représentation de l’homme et de la femme dans le monde du travail par exemple est extrêmement codifiée et où les violences faites aux femmes sont toujours un fléau et ce, contrairement aux clichés, dans tous les milieux sociaux.
Le film commence avec humour par une incursion dans une clinique de
chirurgie très spéciale où les messieurs se sentant insuffisamment
pourvus par dame nature viennent gagner un peu de virilité. Et il est
assez fascinant de voir combien ceux qui se croient inférieurs de
quelques deux ou trois centimètres par rapport à leurs voisins se
sentent profondément diminués, pathétique conséquence des schémas
véhiculés régulièrement sur la masculinité. Puis le film s’en va dans
un magasin de jouets où l’on constate atterrés combien les fabricants
perpétuent les clichés sexistes, prévoyant pour les petites filles des
machines à laver miniatures ou des fers à repasser, des déguisements
exclusivement de princesses tandis que les garçons seront eux des
super-héros.
Puis, plus grave, le film aborde de manière bouleversante les violences
faites aux femmes à travers le témoignage de victimes mais aussi d’un
cogneur a priori repenti. Et il met en lumière la manière dont
aujourd’hui tout un mouvement « masculiniste », particulièrement
florissant au Québec mais qui essaime aussi en Belgique et en France
(notamment par la bouche et les écrits puants d’Eric Zemmour), tente de
relativiser la gravité des faits, faisant même des hommes de pauvres
victimes, des « prédateurs sexuels castrés dans leur destin naturel ».
Un discours qui tend à se banaliser et à se radicaliser. On est
stupéfait d’apprendre que Marc Lépine, un psychopathe qui tua
délibérément 14 femmes à l’Université de Montréal, par haine avouée du
féminisme, fait l’objet d’un culte aujourd’hui… Une joyeuse bande de
tarés qui bien qu’issus généralement des milieux d’extrème-droite,
déclarent qu’une « victoire des islamistes permettrait une victoire des
hommes ».
Autant dire que le film de Patric Jean, déjà auteur d’un film magnifique sur la criminalisation de la pauvreté (La raison du plus fort) a une valeur d’alerte essentielle alors que les témoignages du sexisme se multiplient en milieu scolaire et ailleurs.