Bonnes humeurs ?
Corps et humeurs. Bonnes humeurs ?
Ce numéro 8 de
CORPS s’ouvre sur un entretien avec Françoise Héritier, Professeur au
Collège de France, qui évoque, entre autres sujets anthropologiques –
questions de parenté, de filiation et réflexions épistémologiques qui
ont jalonné son éminente carrière –, la question des humeurs. Comment
les pensons-nous ? Sont-elles des substances comme l’évoque ici
l’anthropologue ?
Dans le dossier LIRE, "Bonnes humeurs ?", les
auteurs Marie-Luce Gelard et Olivier Sirost, tous deux respectivement
ethnologue et sociologue, s’interrogent sur la désignation et la nature
de ces humeurs : "humeurs ou substances ?". Celles-ci sont aujourd’hui
qualifiées de productions corporelles (sang, lait, sperme, larme, etc.)
mais elles sont aussi celles des anciens (le sang, le phlegme, la bile
jaune et la bile noire) selon la doctrine hippocratique. Les auteurs
constatent et expliquent les raisons pour lesquelles ces humeurs sont
dans l’air du temps. Le folklore, l’étude des soins traditionnels et
des dictons populaires, les observations du ciel, la météorologie,
l’avènement de la sexologie, l’hygiénisme, le développement des
sciences psychiques, l’anthropologie enfin, offrent un large répertoire
de discussion aux questions débattues dans ce numéro. Ce que l’on
oublie souvent à travers les descriptions de ces humeurs, c’est que la
racine étymologique "humor" est la même que celle d’humour. Les Anciens
montraient ainsi, avant les travaux des anthropologues, combien les
humeurs sont constitutives des sociétés humaines et des relations
sociales.
Le cahier VOIR présente des images de "physiognomonie
féminine", documents assez rares et offrant de belles surprises. La
physiognomonie se proposait de lire dans les visages et les formes du
corps les dispositions naturelles, le caractère et la personnalité des
individus. Ces principes posés, leur application au genre féminin est
ici assez remarquable. Les images de femmes proposées datent de