Corps et machines
Mercredi
30 septembre 2009 | Nancy (54)
Corps et machines à l'âge industriel. XIXe-XXe siècles
Publié le lundi 11 mai 2009 par Delphine Cavallo
Ce colloque propose d'aborder l'histoire des rapports
qui s'instaurent entre corps et machines en diversifiant le plus possible les
domaines d'activité et les types de machines - machines industrielles, machines
de santé, machines de loisirs, etc. - dans le but de mieux comprendre la nature
de ces rapports, entre soumission, extension et captation des corps.
Colloque
international d’histoire
17, 18, 19 mai 2010
- CRULH (Centre Régional Universitaire Lorrain
d’Histoire), Université
Nancy 2
Anne
Carol (Université d’Aix-en-Provence), Yves Cohen (EHESS), Alain Corbin
(Professeur émérite, Université de Paris 1), Didier Francfort (Université de Nancy 2
Laurence
Guignard, Pascal Raggi, Étienne Thévenin
Lieu : Nancy
Contact : laurence.guignard@univ-nancy2.fr
Les
propositions sont à envoyer avant le 30 septembre
2009 par mail. Elles devront comporter un titre accompagné
d’un résumé de 1 000 signes maximum présentant l’objet et les
problématiques développés. Les textes définitifs seront demandés avant le 30
septembre 2010 (35 000 signes maximum), pour publication dès 2011.
Avec
l’industrialisation, c’est un monde de machines qui s’impose
en de multiples lieux de la société, offrant de multiples points de contact
avec les corps. L’historiographie a jusqu’ici privilégié le monde
de l’atelier puis de l’usine, insistant sur la dimension aliénante
et coercitive des machines, sur les pathologies industrielles, sur
l’usure d’un corps au travail dont l’étude doit aussi
s’étendre aux rapports de sexe ou d’âge. Le procès de rationalisation
du travail suggère l’idée d’un passage « foucaldien » d’un
régime de discipline des corps à celui d’un biopouvoir, préservant et
optimisant l’utilité des corps, dans lequel s’inscrit la
normalisation des conditions de travail, les lois de protection des
travailleurs, la prise en compte du facteur humain, ou les efforts de
l’ergonomie. C’est aussi une nouvelle sensibilité à
l’intégrité corporelle qui se met en place.
Dans la
perspective d’une compréhension des rapports que nouent les corps avec
les grandes mécaniques de l’âge industriel, l’hypothèse doit être
confrontée à la grande diversité des formes et des champs d’activité des
machines : de la guillotine au scanner, des machines de guerre au
cinématographe en passant par les machines réadaptatrices, la machine à écrire
ou le tourne disque. Les machines produisent de nouvelles formes corporelles,
des voix, des images désincarnées, introduisent de nouvelles temporalités qui
modifient les représentations du corps et sa perception. Elles déplacent les
frontières corporelles, donnant les images d’un intérieur du corps, ou au
contraire décuplant les capacités du corps, s’y substituent en étendant
son aire d’influence, en une chronologie dont les interactions complexes
restent à définir. Ces formes d’expérience corporelle des machines, faites
d’ajustements et adaptations réciproques, induisent ainsi de nouveaux
rapports au corps qui sont l’objet de ce colloque.
I La
machine industrielle : du travail sans corps à la naissance du facteur humain
Discutant : Pascal Raggi
Pendant
l’âge industriel, l’augmentation considérable du nombre de machines
et leurs perfectionnements transforment les conditions de travail. Les machines
plus autonomes, plus complexes, plus puissantes rendent réalisables des tâches
difficiles ou impossibles à réaliser auparavant. Les performances des machines
s’améliorent grâce à la mécanisation, puis avec l’automatisation
des procès de production dans les industries les plus anciennes –
industries extractives et sidérurgie par exemple – et jusqu’à
l’utilisation de robots dans l’aérospatiale, le nucléaire ou les
travaux sous-marins.
Au XXe siècle, le développement sans précédent de leur autonomie engendre même
l’apparition d’un « idéal presse-bouton » (Georges Friedmann) dans
lequel la place imaginaire du corps semble refluer. Ainsi, les relations entre
le corps et les machines se modifient profondément, elles ne se contentent plus
d’être des systèmes d’outillage et de production, elles deviennent
de véritables démultiplicateurs du corps humain. L’apparition du facteur
humain, en tant que préoccupation fondamentale pour l’organisation des
procès de production, prouve, à la fois, l’ampleur des modifications du
système technique (Bertrand Gille) et des transformations psychologiques
induites par les évolutions de la relation — ou de la non relation
— entre le corps des travailleurs et les machines industrielles.
II
Machines et santé
Discutant : Etienne Thévenin
Les
relations de la machine et du corps humain sont ambivalentes et complexes. La
machine peut blesser ou broyer le corps, elle peut l'user, perturber son
fonctionnement. La machine peut aussi réparer le corps, être incorporée à lui
pour lui permettre de retrouver des potentialités perdues ou pour le maintenir
en vie. Mais alors la machine n'agit pas seule. Comment l'homme peut-il initier
et compléter l'action de la machine?
III
La soumission des corps à la machine
Discutante : Laurence Guignard
Certaines
machines apparaissent spontanément comme les agents d’une soumission,
directe ou indirecte, d’un corps contrôlé soit explicitement par une
force contraignante soit plus simplement par des procédures de captation. Cette
troisième session s’attache à la fonction coercitive des machines,
fonction dont les moyens sont sans cesse accrus par le progrès technique. la guerre. Elles
Contraignante, aliénante, voire destructrice du corps, les machines offrent le
spectacle de l’emprise mécanique sur un corps devenu objet, parfois
appliquée au nom de principes transcendants comme la justice, la santé,
IV Le
corps saisi par les machines : mesure, science, art
Discutante : Laurence Guignard
Aborder
le rapport corps/machine en terme de soumission semble néanmoins réducteur
lorsqu’on envisage la diversité des interventions mécaniques et le souci
croissant de préserver l’intégrité des corps. Le perfectionnement des
machines autorise en effet des formes neuves d’intervention et fournit
des possibilités peut-être plus subtiles de contrôle ou d’élaboration des
corps. L’idée d’une saisie du corps par des machines spécialisées
introduit à la fois aux mécanismes de sa capture et de sa connaissance, à sa
mesure, mais aussi à la production d’images neuves du corps. La
compréhension de ces lectures « machinales » du corps invite à considérer les
modalités concrètes du contact qui s’instaure entre corps et machine,
telles qu’elles s’organisent au moment de la saisie, devant la
radiothérapie, le scanner ou plus trivialement l’appareil photo, la
caméra ou le micro d’enregistrement, de même que celles de la restitution
des formes corporelles nouvelles.
- histoire, corps, machines, machinisme,
industrialisation, médecine
- Nancy (54)
- mercredi 30
septembre 2009
- Laurence Guignard
courriel : laurence [point] guignard (at) univ-nancy2 [point] fr
- Laurence Guignard
courriel : guignard [tiret] l (at) orange [point] fr
Alexandre
Klein
ATER Sciences de l'éducation Lille III
Doctorant en philosophie
ACCORPS/ LHSP Archives H. Poincaré
UMR 7117/ CNRS
Nancy Université - Université Nancy 2
http://poincare.univ-nancy2.fr/Presentation/?contentId=3424
Alexandre.Klein@univ-nancy2.fr