Emile Jouvet
Emilie Jouvet, Louise make-up.
Emilie Jouvet appartient à cette génération post-moderne, post-révolutionnaire, qui met en place une nouvelle perception/conception du monde dans son oeuvre, prenant en compte les victoires et les défaites de l’activisme artistique passé (70’s). L’engagement et les ambitions politiques d’unE artiste postmoderne ne sont plus les mêmes qu’au moment des dernières révoltes (les derniers râles de l’époque moderne), ses méthodes non plus. Et au milieu de tant de créativité autour des thèmes très actuels du sexe et du corps, Emilie Jouvet se distingue de par un militantisme pragmatique et réaliste qui ne cherche ni à se conformer à la pornographie mainstream, ni à exagérer les traits de la non-conformité des corps et des sexualités qu’elle (re)présente. Cela afin de rester fidèle à ses convictions et par souci de délivrer une œuvre politiquement honnête. Contrairement à beaucoup d’autres représentations alt-porn de femmes ou de lesbiennes, les photographies de l’artiste militante ne répondent pas à « l’horizon d’attente » (Hans Robert Jauss, 1975) érotique, straight ou mainsteam, des hommes qui n’apprécient l’émancipation sexuelle des femmes que lorsqu’elles arrangent sa libido, et uniquement la sienne. Les riot grrrls imagées par la plasticienne ne sont pas non plus issues de l’iconographie des Vénus, des vierges Marie et autres Eve évangélique, récurrentes dans une histoire de l’art traditionnelle qui fascine/excite encore tant de photographes masculins. Elles sont plutôt un remake post-moderne des Lilith et des sorcières hérétiques qui refusent de se soumettre au désir patriarcal qui avait produit le sexe féminin comme un sexe faible et à l’idéal humaniste de la binarité apparente et complémentaire. Renier Dieu et la soumission à Adam, ainsi qu’à l’ensemble de la gente masculine, n’a pas suffit, le combat continue. Toutefois, Emilie Jouvet ne cherche pas à rendre les corps agressifs, il n’y a pas d’obligation précise pour être prise en photo, ni de maximisation visuelle de l’insurrection anatomique ; il suffit de faire partie de son cercle d’amies ou d’être queer, quels que soient son physique ou sa sexualité, ce qui témoigne d’une certaine honnêteté intellectuelle dans son travail. En choisissant de ne travailler sans aucun protocole théorique discriminant, elles démontrent son attachement avec la réalité sociale qu’elle vit quotidiennement, et ne se laisse pas piéger par l’envie d’impressionner à fabriquant de toute pièce un underground qui serait excessif, et de ce fait socialement peu crédible ou enviable pour un public large.