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16 décembre 2008

Il n'ya pas de drogués heureux

"Il n'y a pas de drogués heureux", rappelait, dès 1977, celui qu'on a surnommé le "psy des toxicos".

Qui s'en souvient encore? Lorsque Claude Olievenstein fonde, en 1971, l'hôpital Marmottan à Paris, il se heurte à l'opposition féroce de la quasi-totalité du monde médical. A cette époque, qui dit "toxicomane" dit "délinquant" en puissance et "drogué à sauver à tout prix... même malgré lui". En d'autres termes, l'idée que puisse exister un lieu de parole et d'écoutes, que ce lieu puisse accueillir des personnes sans les juger au préalable, que des médecins n'exigent pas avant toute chose l'abstinence, cette idée-là a quelque chose de révolutionnaire au début des années 70.

Claude Olievenstein avait une formule favorite qui résumait assez bien son approche. "La toxicomanie, c'est la rencontre d'un être humain, d'un produit donné, à un moment donné". Pas question donc de "faute", d'erreur à réparer, d'engagement moral à prendre pour s'en sortir un jour. A Marmottan on n'exige pas du patient une obéissance servile, on attend plutôt que se noue un dialogue fécond entre lui et le personnel médical. Et, plus que tout, on se garde de juger qui que ce soit, ou de mettre dans le même sac le consommateur occasionnel de haschich et  celui qui prend de l'héroïne tous les jours.

"Dealers en blouse blanche"

Très critique à l'égard du tout répressif en vogue ces années là en France, Claude Olievenstein éviter de tomber systématiquement dans la posture idéologique. En 1984 par exemple, dès le début de l'épidémie de sida en France, il réclame, avant tout le monde, la mise en place de programme d'échanges de seringues. De même, il se prononce pour la dépénalisation du cannabis -à condition toutefois que celle ci soit très sévèrement encadrée.

Pour les produits de substitution en revanche, il loupera de coche de façon surprenante. Dénonçant ceux qui se conduisent comme "des dealers en blouse blanche", (l'expression est de lui), il refuse de délivrer de la méthadone. Les 53 places officiellement recensées en France dans ces programmes sont notoirement insuffisantes? Les expériences étrangères ont montré de bons résultats ? Les épidémiologistes constatent que le développement de tels programmes diminuent les risque de transmission du sida? Qu'à cela ne tienne, Le Pr Olievenstein reste opposé à la méthadone.

Longtemps, il demeurera inébranlable. Et il prendra très mal les critiques, venues plus tard mais parfois féroces, d'une partie de la nouvelle génération des intervenants en toxicomanie. Reste, au-delà de ces quelques erreurs de jugements, une approche radicalement nouvelle de ces questions qui, phénomène encore plus nouveau, provenait d'un médecin reconnu

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