Peintres du corps en Ethiopie
Photo - Hans Silvester
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photographie - Hans Silvester a immortalisé les créations spontanées de tribus d'Ethiopie, qui rappellent Haring ou Dubuffet.
Seuls les yeux en amande, ourlés de noir, rougis par la chaleur et les insectes, se détachent de cette peinture abstraite aux couleurs terreuses. Le visage de l'enfant est entièrement peint, traits jaunes, pointillés blancs, hachures rouges. Le garçon fixe le photographe, qu'il connaît bien. Hans Silvester en est à son quinzième voyage ici, dans cette vallée éthiopienne du Rift, aux frontières du Soudan et du Kenya.
La première fois, Hans Silvester, qui travaille pour l'agence Rapho, était venu faire un reportage sur le site archéologique où a été découverte Lucy. Il tomba par hasard sur les tribus Suma, Bodi, Mursi, ces peuples de la vallée du fleuve Omo, tellement inaccessible que ses habitants sont quasiment coupés du monde. Jamais raflés par les marchands d'esclaves, ni colonisés, ni christianisés, ni islamisés, considérés comme primitifs par le gouvernement d'Addis-Abeba, les peuples de l'Omo, semi-nomades, vivent de l'élevage du bétail. Ils n'ont pas de religion, pas de musique, pas de sculpture, ni d'expression artistique autre que les peintures dont ils ornent tout leur corps depuis la nuit des temps.
Dès la naissance, les mères peignent leur bébé. Avec de la terre, des pigments naturels ou de la cendre. Les adultes réservent les parures de corps aux fêtes ou aux enterrements. Les enfants et les adolescents, eux, apprennent en regardant, se peignant chaque jour, à mains nues. Sous l'objectif de Hans Silvester, qui, avec les années, s'est affranchi de tout regard journalistique ou documentaire, les personnages deviennent tableaux. Et au fur et à mesure de l'exposition, la beauté de ces oeuvres spontanées laisse sans voix, tandis que des filiations infinies, troublantes, surgissent. Il y a du Keith Haring dans ces corps entièrement striés de blanc, sexe compris, du Picasso dans ces visages déstructurés, du Van Gogh dans ces poitrines constellées d'étoiles. Il y a aussi du Basquiat, du Dubuffet, du Rothko - et bien d'autres encore - dans ces motifs pommelés, striés, découpés ou griffés.
Ce rapprochement fascinant entre l'art moderne occidental et une pratique tribale ancestrale rappelle que tous deux puisent dans les mêmes racines, à la naissance du geste artistique. Dans la spontanéité, l'inspiration, l'infaillibilité du trait, toutes ces valeurs recherchées durant leur vie entière par chaque artiste, restées ici à fleur de peau. Et à même la peau.
Sophie Cachon
Telerama n° 3056 - 09 août 2008
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Jusqu'au 7 septembre à l'Hôtel des Arts, Toulon (83). Tél. : 04-94-91-69-18. Catalogue, 110 p. 18 EUR.
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