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29 juillet 2008

Mise en examen

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http://www.lepost.fr/article/2008/07/25/1230223_une-journaliste-mise-en-examen-pour-avoir-fait-son-travail.html#xtor=ADC-218


Elle filme des jeunes qui se torturent: elle est accusée de complicité de violence

Témoignages Le Post. La journaliste tournait un reportage pour Zone Interdite sur M6. Pour Richard Malka, l'avocat de la journaliste, c'est la fin du journalisme.

La suspension, une technique qui séduit les adeptes des modifications corporelles

La suspension, une technique qui séduit les adeptes des modifications corporelles

AFP/HECTOR MATA


Elle a tout simplement fait son métier. Isabelle Cottenceau, journaliste pour la boîte de production Tac Presse, a réalisé un reportage sur les modifications corporelles chez les jeunes, diffusé le 8 octobre 2006 dans l'émission Zone Interdite sur M6.

Le reportage présentait différentes techniques: tatouages, scarifications et suspensions. C'est pour avoir filmé cette dernière pratique, qui consiste à se suspendre à même la peau à des crochets, qu'Isabelle Cottenceau est aujourd'hui inquiétée.

Le 30 octobre 2007, la journaliste a été mise en examen pour des faits de "complicité de violences volontaires n'ayant pas entraîné d'incapacité de travail, commises avec usage ou menaces d'armes (crochets) en réunion" sur personnes. La justice aurait pu s'arrêter là. Mais le 27 juin dernier, le parquet de Toulouse a demandé au juge d'instruction de renvoyer Isabelle Cottenceau devant le tribunal correctionnel qui tranchera fin Août.

Contactée par Le Post, Isabelle Cottenceau, la journaliste poursuivie revient sur cette histoire abracabrantesque.

Comment vous êtes-vous retrouvée à filmer des personnes qui se suspendent à des crochets?
"Mon reportage concernait toutes les modifications corporelles que les jeunes peuvent faire aujourd'hui. La pratique ultime étant la suspension. Par l'intermédiaire d'un forum, j'ai pu rencontrer Toro, un tatoueur qui a pignon sur rue à Toulouse, et qui pratique la suspension. Toro faisait des performances de temps en temps, du coup, on s'était mis d'accord pour que je le filme au cours de l'une d'entre-elles. Au dernier moment, il s'est désisté et un jeune homme de 17 ans s'est proposé."

Qui a porté plainte contre vous?
"Le reportage a fait du bruit après sa diffusion. Il y a eu plusieurs articles dans La Dépêche. Paul Michel, le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Toulouse qui a décidé de s'autosaisir suite à la diffusion du reportage. Il a d'abord porté plainte contre Toro, le tatoueur de Toulouse et par extension contre moi. C'est hallucinant parce que la scène aurait eue lieu, même si je n'avais pas été présente."

La plainte contre vous concerne-t-elle la diffusion des images?
"Non, nous avons pris le parti de ne pas montrer les images à l'antenne. On ne voit rien dans le reportage. Je suis poursuivie parce que Toro, une fois inquiété, a affirmé que Benjamin avait fait sa performance pour la télévision. De ce fait, nous sommes considérés comme responsables."

Vous avez filmé un mineur, pensez-vous que cela ait joué en votre défaveur? 
"Non, je ne pense pas. Nous avions toutes les autorisations requises: dont celle de sa mère. Nous l'avions même interviewée afin de comprendre pourquoi elle autorisait son fils à faire ce genre de performances."

Comprenez-vous cette plainte?
"Pas le moins du monde, je n'ai fait que mon travail de journaliste."

Sur Le Post, Richard Malka, l'avocat de la journaliste, avoue ne pas comprendre:
"Ce qui est fou dans cette histoire c'est qu'avant ce reportage personne ne s'intéressait aux suspensions. Isabelle Cottenceau a mis en avant la dangerosité de ces pratiques et et tout à coup le parquet décide de poursuivre les auteurs. Très bien. Mais je ne comprends toujours pas le réquisitoire négatif du procureur à l'encontre de ma cliente."

Sur quels motifs le juge d'instruction s'est-il appuyé pour mettre en examen Isabelle Cottenceau?
"Il a deux éléments : quand Toro a été mis en examen, il a dit qu'il avait organisé la suspension pour la télévision. Or, dans les rushes et même dans le reportage on voit très bien que la personne qui est suspendue avait envie de le faire, et que sa mère n'y était pas opposée puisqu'elle a donné son autorisation. D'ailleurs, ce qui est incompréhensible dans cette histoire, c'est que la mère ne soit pas poursuivie.
Le deuxième motif retenu par le juge d'instruction est le fait qu'Isabelle Cottenceau ait demandé à Toro et Benjamin l'heure de la suspension. il considère que par cette question elle aurait incité les jeunes à se suspendre."

Pourtant demander l'heure d'une action est la moindre des choses pour un journaliste?
"C'est même la base de son travail! Comment voulez-vous que le journaliste fasse son travail s'il ne répond pas aux questions : qui, où, comment? Cette décision, c'est acter la fin du travail de journaliste. Dans ce cas, tous les journalistes qui enquêtent sur les trafics, les passeurs, bref tous les délits répréhensibles par la loi seront poursuivis par la justice?"

Joint par Le Post,
le patron d'Isabelle Cottenceau, Frédéric Texeraud, appuie Maître Malka et dénonce cet acharnement de la justice sur les journalistes: "Je comprends que le procureur ait choisi de mettre en examen Toro. Mais accuser de complicité une journaliste qui ne fait que relater un fait, c'est remettre en cause le fondement de notre travail. Nous ne pensions pas que l'affaire irait devant le tribunal, d'autant plus que notre reportage dénoncait le manque de législation autour des scarifications et compagnies. Vous imaginez si tous les journalistes qui filmaient des choses condamnables devaient être mis en examen, c'est n'importe quoi."

Le Post a tenté de joindre le procureur et le juge d'instruction et l'avocat de Toro, mais ils sont tous trois injoignables.

(Sources: Le Post)

Pétition de soutien: petitioncottenceau@tac-presse.fr

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