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29 mai 2008

Nicolas L

Son oeuvre, impertinente et drôle, s'est nourrie de tout cela. Elle en est le reflet à travers le thème que Nicola L n'a cessé, en plus de cinquante ans, d'explorer : le corps humain. Pour mieux en faire le tour, le comprendre, percer son mystère et son fonctionnement, l'artiste l'a démantelé, morceau après morceau.

Nicola L a ainsi fait du pied un canapé ; du buste féminin, une commode ; du buste masculin, un meuble-bar ; du visage, un aquarium. Et, surtout, elle n'a cessé de se passionner pour l'oeil, qu'elle a reproduit à l'infini, en plastique polychrome, pour en faire des luminaires. Il est rare qu'elle expose à Paris. Ses oeuvres, souvent uniques, devenues cultes pour certaines d'entre elles, sont réparties chez quelques particuliers et dans certains musées. C'est pourquoi l'exposition qui lui est consacrée est un petit événement. On y retrouve une partie de ses créations. Certaines ont même été pour la première fois éditées à quelques exemplaires afin d'être vendues.

L'exposition donne un bel aperçu du travail effectué par Nicola L sur ce corps désarticulé, à travers notamment son fameux canapé Le Pied, en vinyle noir, son aquarium-visage, sa planche à repasser découpée en forme de corps féminin et son fer en acier, copie, avec un réalisme assumé, du sexe masculin. On y trouve aussi quelques pièces de sa série Les Pénétrables, ces sculptures fonctionnelles en tissu, créées à partir de 1969, dans lesquelles on peut se glisser.

Histoire de donner à chacun la possibilité de s'approprier et de faire vivre l'oeuvre d'art. Enfin, partout, au sol, au mur, au plafond, on se sent regardé par les Yeux aux pupilles noires, bleues, vertes... Ils trônent en lampadaires, en lampes murales, en plafonniers. L'ensemble est troublant.

Nicola L s'en amuse. " Depuis l'enfance, l'oeil me fascine. Très tôt, pour en comprendre le mécanisme ou le mystère, j'arrache les yeux de mes poupées, elles se retrouvent toutes avec un trou de chaque côté du nez, raconte-t-elle. Mais le mécanisme et le mystère restent les mêmes. Les yeux sont tous des boules blanches aux pupilles de différentes couleurs ; on peut parfois les fermer ou les ouvrir, mais le regard ? D'où vient le regard ?"

Elle n'a toujours pas percé le mystère. Quant à la signification psychanalytique de cette obsession, elle ne veut même pas le savoir. "Quelle importance ! lance-t-elle. De toute façon, j'ai vécu plusieurs années avec un lacanien qui estimait que je n'étais pas psychanalysable".


Galerie Pierre-Alain Challier, jusqu'au 14 juin, 8, rue Debelleyme, 75003 Paris

Véronique Cauhapé, Le Monde 25 mai

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