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21 février 2008

Le corps en apesanteur

Kitsou Dubois veut mettre le corps en apesanteur

Avignon Envoyée spéciale

Le festival Les Hivernales d'Avignon fête sa trentième édition sous le signe de l'apesanteur. Ce thème se révèle plutôt insolite dans le contexte de la danse contemporaine historiquement soucieuse d'enracinement, à l'inverse du ballet classique. "L'idée est partie d'un constat observé depuis cinq ans, explique Amélie Grand, directrice de la manifestation. Les projets communs entre chorégraphes et artistes de cirque ont développé chez les premiers un désir de légèreté, d'envol, illusoire certes, mais bien présent."

Parmi la quinzaine de chorégraphes à l'affiche depuis le 16 février jusqu'au 23, Kitsou Dubois se démarque par son trajet unique : depuis 1991, grâce au Centre national d'études spatiales français (CNES), elle participe à des vols paraboliques, les mêmes qui permettent aux astronautes de s'habituer à l'apesanteur. Lors de ces vols en caravelles spécialement équipées, le moteur est régulièrement coupé, occasionnant des parenthèses d'une vingtaine de secondes en gravité zéro.

CONTRÔLE DE L'ÉNERGIE

Installé à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, lundi 18 février, son spectacle déambulatoire, L'Espace d'un instant, persiste dans son pari fou : rendre palpable sur le plancher des vaches ces sensations uniques et terriblement décalées d'apesanteur, de corps flottant et dilaté dans un mouvement infini que la chorégraphe a expérimentées.

L'Espace d'un instant décline quelques-uns des travaux analogiques menés par Kitsou Dubois et son équipe en trois séquences distribuées dans trois lieux différents. La projection d'un film tourné dans l'eau, une performance solo avec une chaise, puis un long moment avec trois trapèzes et un mât chinois pour deux femmes dans un cube blanc sont trop détachés pour trouver un liant solide. En revanche, la proximité des interprètes permet de mesurer la spécificité de cette étude du corps en apesanteur dont la traque a exigé des années de recherche.

Qu'il s'agisse de basculer en arrière sur le dossier d'une chaise, de se glisser en fente sur un trapèze ou de faire des séries de ponts en duo, le geste se déploie au ralenti, millimètre par millimètre, mais dans un flux dynamique continu. Le paradoxe se lit ouvertement dans ce qui ressemble parfois à une méditation : l'illusion de la suspension fluide et cotonneuse de l'apesanteur passe par une tension et un contrôle drastiques de l'énergie. Là réside sans doute la difficulté de ce travail utopique, coincé entre la mémoire d'un corps inhumain - car sans poids - et le désir d'en trouver une traduction spectaculaire.

Si Kitsou Dubois, première chorégraphe à avoir réussi à travailler dans l'aérospatiale, réussit à poser les fondamentaux d'une nouvelle densité physique et même au passage à réinventer le trapèze, elle ne retranscrit pas tout à fait l'émotion avec laquelle elle a découvert l'absence de gravité.

Dans les films tournés en caravelle, dont certains sont projetés sur les parois du cube blanc, sa joie est immense. Reste à trouver les moyens d'injecter cet émerveillement sur scène.


Les Hivernales, Avignon (Vaucluse). L'Espace d'un instant, de Kitsou Dubois. Le 8 mars à 18 h 30 et 20 heures à l'Atheneum de Dijon (Côte-d'Or). Tél. : 03-80-73-97-27. Le 20 mars à 19 h 30 et 21 heures à la Coupole de Combs-la-Ville (Seine-et-Marne). Tél. : 01-60-34-53-60.

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