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14 janvier 2008

Un joli monde

Un joli monde, romans de la prostitution Daniel Grojnowski, M. Dottin Orsini © Robert Laffont 2008

Voici réunis, pour la première fois, les romans et nouvelles qui ont illustré avec le plus de sensibilité et de pertinence la prostitution, l’un des thèmes emblématiques du naturalisme, mouvement né il y a cent quarante ans.
Au total, quatorze romans et une quinzaine de nouvelles, parus entre 1876 et 1922, se font écho. Les textes fondateurs de Huysmans, Goncourt et Zola côtoient des œuvres jamais rééditées à ce jour, telles Virus d’amour d’Adolphe Tabarant, La Sortie d’Angèle de Robert Caze ou Chair molle de Paul Adam. La progression chronologique permet de saisir les emprunts et les innovations propres à chacun des textes.

L’ensemble de ces portraits de femmes forme un tableau saisissant : celui d’un monde en marge, où s’impose la domination masculine telle qu’elle s’exprimait alors et dont nous sommes, aujourd’hui encore, les héritiers.
Avec les « romans de la prostitution », la « fille » de bas étage – celle des bordels et des trottoirs – fait son entrée en littérature, laissant flotter dans son sillage un parfum de scandale. Se détournant résolument des séductions de la courtisane, figure romanesque qui fit fortune auprès des romantiques, la « bande à Zola » et plusieurs autres, ensuite, ouvrent la littérature aux bas-fonds de la sexualité. Au moment où les premières condamnations portant sur les maisons closes s’élèvent, ils se penchent, enquêtes et documents à l’appui, sur les destins tendres, cruels ou grotesques des filles des rues. La crudité de leurs textes leur vaut un succès grandissant mais, cibles privilégiées de la censure, ils sont souvent contraints de publier en Belgique.

Dans cette anthologie, romanciers et spécialistes du terrain confrontent leurs points de vue.
Le dossier documentaire dans la seconde partie de l’ouvrage vient éclairer la lecture des fictions à l’aide d’analyses sociologiques, anthropologiques, médicales et policières, contemporaines du naturalisme. On y constate le rôle de ces études sur le travail des romanciers, mais on découvre aussi l’influence de la littérature sur les recherches des savants… On comprend ainsi la manière dont ils se sont nourris les uns les autres, contribuant à forger les images d’un nouveau mythe.

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