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5 mai 2007

Syndicap EPS

auteur : Véziers Guilhem380 pages / ISBN : 2-84950-113-1 / 25 euros

Ed Syllepses

Véritables parias du système éducatifs à leurs débuts, longtemps méprisés, les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS) sont encore aujourd'hui, bien souvent, stigmatisés. De cette mise à l'écart, subie mais également provoquée, ils ont fait une force, le ciment d'un militantisme particulièrement actif. Regroupés en une union corporative dès 1884, bousculant un temps l'absence du droit syndical pour les fonctionnaires, ils s'unissent dès 1926 en un syndicat strictement spécifique à leur discipline. Cette originalité au sein du syndicalisme enseignant a, depuis, persisté. Elle fait aujourd'hui du Syndicat national de l'éducation physique (SNEP), membre fondateur de la Fédération syndicale unitaire (FSU), une organisation très représentative.
L'auteur livre ici le résultat de plusieurs années de recherches menées dans le cadre d'un doctorat en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS). Il étudie les différents terrains de luttes investis par les professeurs d'EPS dans l'espoir de faire reconnaître leur discipline, non seulement comme une composante indispensable de l'Éducation, mais également comme un authentique enseignement porteur de savoirs. L'auteur en vient ainsi à mettre en relation les militantismes corporatifs, pédagogiques et politiques, et défend une thèse : le mouvement syndical, en étant, sur plus de cent vingt ans, le point de convergence des acteurs de l'ensemble du champ, est la clef de voûte de l'histoire de la discipline.
Dans la première partie, l'auteur couvre une période qui débute en 1880, « année de naissance » de l'éducation physique scolaire obligatoire, et se clôture en 1944, avec la Libération. Il montre comment la situation faite aux professeurs les pousse à organiser leur défense, d'abord sous la forme d'amicales, puis d'un syndicat. Véritables « prolétaires » de l'enseignement, ils estiment que la considération de leur discipline ne peut s'améliorer sans que leur statut et leur formation ne soient profondément améliorés. Le militantisme corporatif est donc premier, mais après guerre, l'action syndicale va largement déborder de ce cadre.
Alors que l'Éducation physique sort progressivement de l'ornière, l'auteur met en lumière l'importance que prennent les débats pédagogiques et politiques. La corporation et le mouvement syndical sont dès lors divisés. Entre les courants pédagogiques et les tendances syndicales qui s'affrontent, des relations se nouent. Des « réseaux » apparaissent, dont la cohérence est révélée, avec force, par les conceptions politiques. L'auteur se penche alors sur le « réseau du sport éducatif » qui regroupe, notamment à travers la culture et la philosophie marxiste, les militants d'une pédagogie résolument sportive.
La troisième partie montre comment le syndicat devient un contre-pouvoir puissant face aux orientations libérales, il est également un lieu de pouvoir et de propositions, notamment au plan pédagogique. Ainsi, les trois formes de militantismes étudiés entrent en résonance. À la rentrée 2002, l'éducation physique est dotée de la quasi-totalité des signes faisant d'elle une discipline d'enseignement à part entière. Cependant, l'auteur s'interroge. L'année 2002 sera-t-elle, rétrospectivement, une étape de plus de la progression de la reconnaissance de cette discipline, ou le point culminant avant sa chute ? Face au libéralisme et au démantèlement des services publics, l'éducation physique est bel et bien en mauvaise posture.

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