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16 décembre 2006

KONUMA Masaru maître du roman-porno

KONUMA Masaru maître du roman-porno -

La soixantaine alerte mais sage, des cheveux grisonnants, d'épaisses lunettes, des traits impassibles, rien ne trahit chez KONUMA Masaru le fait qu'il ait été l'un des papes du roman-porno, série de films plus qu'érotiques lancée par la grande compagnie Nikkatsu au début des années 70. L'Etrange Festival lui a rendu hommage lors de sa dixième édition, en présentant 5 de ses films, inédits en France.

Par Nathalie B.

http://www.animeland.com/index.php?rub=articles&id=121

Avec la découverte en France des films de KONUMA Masaru, l'Etrange Festival a dévoilé tout un pan de la production cinématographique nippone des années 70-80 : la série commerciale des films roman-porno (pour romantique-pornographique). KONUMA Masaru est, avec KUMASHIRO Tatsumi et TANAKA Nobuhiro, l'un des réalisateurs-phares de ce genre aujourd'hui disparu.

La carrière de KONUMA Masaru est indissociable du studio de cinéma Nikkatsu, plus ancienne des grandes compagnies japonaises, créée en 1912. De la même manière, une période de l'histoire de la Nikkatsu est liée au genre roman-porno, genre qui allait permettre à KONUMA de devenir réalisateur en 1971.
Lorsque KONUMA Masaru, âgé de 23 ans, entre à la Nikkatsu en 1961 comme assistant-réalisateur, l'heure est déjà au déclin des Majors japonaises. L'âge d'or du cinéma nippon des grands studios s'est achevé avec les années 50. Les spectateurs désertent les salles, les réalisateurs confirmés peinent à monter leurs films comme les jeunes cinéastes à trouver leur place. En 1970, la célèbre Daiei dépose son bilan. En 1971, la Nikkatsu est dans une situation critique. A la menace de faillite viennent s'ajouter les procès avec certains réalisateurs tels SUZUKI Seijun, et le départ d'autres cinéastes, parmi les plus reconnus.
La compagnie trouve alors une parade pour échapper à la faillite : lancer une série de films ultra ciblés, au budget dérisoire, exploités dans des petites salles, dans les circuits dits périphériques. La Nikkatsu reprend ainsi le concept déjà existant des Pink Movies (films érotiques aux budgets encore plus modestes, tournés d'abord par des cinéastes peu connus, puis dans le cadre des grandes compagnies) qui a fait ses preuves dans les années 60. Mais elle va plus loin dans les moyens et l'érotisme, comme l'explique KONUMA : " Le roman-porno est un genre très différent du Pink Movie. Le roman-porno ne doit pas être pris comme une histoire romantique avec des scènes de sexe. Le terme est trompeur pour les Occidentaux. " La Nikkatsu bénéficie aussi d'une manne de jeunes recrues désireuse de passer à la réalisation suite à la défection des cinéastes confirmés. Sans hésiter, KONUMA devient réalisateur, même si " Je n'ai pas osé dire tout de suite à ma femme que c'était moi qui allait réaliser les nouveaux films de la Nikkatsu ", se souvient-il. La série roman-porno est lancée, et avec elle la carrière de KONUMA Masaru.

Entre son premier film, en 1971, intitulé L'appel du corps de la femme (Kashin no Izanai) et les derniers qu'il réalise dans le cadre des roman-porno, La ronde (Rinbu) et Esclaves de la souffrance (Haka no naka no onna 2), KONUMA abordera tous les styles du genre. La sélection présentée à l'Etrange Festival traduit la diversité des récits cinématographiques à l'intérieur même d'un genre pourtant à priori répétitif. Au sado-maso (SM) des deux films de 1974, Une femme à sacrifier (Ikinie fujin) et Vices et Supplices (Hana to hebi), succède le drame avec La vie tourmentée de Mme Yoshino (Nureta tsubo) (1976) et Esclaves de la souffrance (1988), pour finir en beauté avec La Ronde (1988) mélange de tous les styles. Cependant, le genre est resté durant ses 12 ans d'existence extrêmement codifié.
KONUMA, en tant que réalisateur, ne dispose pas à priori d'une grande liberté. Concernant le scénario des films, il lui est parfois imposé, au mieux intervient-il dans son choix. Calibrée pour satisfaire un public englobant étudiants et vieillards en passant par les salary-men cherchant là un exutoire, sexuel ou plus largement social, l'histoire tourne autour de personnages souvent féminins livrées à eux-mêmes (veuves, orphelines, divorcées, ou simplement délaissées). Elles sont l'objet de fantasmes et d'actes sexuels de la part d'un ou plusieurs hommes, situés dans des milieux sociaux et culturels différents selon les films : celui du théâtre-kabuki (La vie tourmentée...), le milieu bourgeois (Une femme à sacrifier, Vices et supplices), ou celui du sexe (Vices et supplices). A travers la pratique sexuelle, les milieux sociaux se rencontrent : la bourgeoise qui refuse de réaliser les fantasmes de son vieil époux va être initiée aux pratiques SM par l'employé de ce dernier, des vieillards entraînent l'adolescente dévergondée dans une nuit orgiaque, le chirurgien, plus classiquement, trompe sa femme avec l'infirmière qu'il se plaît à raser.


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