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20 juin 2006

Rugby, Médias, Education et transmission des valeurs 13-15 juin 07

Colloque international pluridisciplinaire

Rugby, médias, éducation et transmission des valeurs

Béziers, Centre Universitaire Duguesclin

Dates : 13-14-15 Juin 2007

Manifestation à l’initiative du :

Laboratoire Corps & Culture (Université  Montpellier I), Laboratoire Dipralang-ARSER, (Université  Montpellier III), CIM-CREDAM (Université Paris III-Sorbonne nouvelle), IUFM de Montpellier, Association « Rugby, culture et société », l’AFRAPS

Comité scientifique : Jean-Pierre Augustin, Robert Boure, Daniel Bouthier, Gilles Bui-Xuân, Hubert Cahuzac, Jean-Michel Cassagne, Patrick Charaudeau, Olivier Chovaux, Sébastien Darbon, Gérard Derèze, Jean-François Diana, Bertrand During, Renata Freccero, Allen Guttmann, Gilles Klein, André Quilis, Bernard Leconte, Jacques Mikulovic, Michael Palmer, Christian Pocciello, Anne Saouter, Otto Schantz, Carmen Soares, Jean-Claude Soulages, Thierry Terret.

Comité d’organisation : Valérie Bonnet, Henri Boyer, Jacques Gleyse, Guy Lochard, Pierre Stoecklin, Joris Vincent.

L’évènement de la Coupe du Monde de 2007 met brusquement en lumière les profondes mutations que le rugby a connues depuis une dizaine d’années, sous les effets conjugués de la professionnalisation et de la mondialisation. Devant le succès rencontré auprès d’un public élargi à une sociologie nouvelle et à de nouveaux territoires, des voix se font entendre pour évoquer le risque d’une perte des valeurs fondatrices de ce sport. En effet, et contrairement à ce que laissent entendre certains récits de fondation (le geste de Web Ellis dans le Collège de Rugby), le rugby s'inscrit à l'origine dans des pratiques communautaires très territorialisées. Certains évoquent des racines présentes dans certains pays européens au travers d'activités comme la soule (choule). D’autres mentionnent des formes plus récentes de jeux de ballon pratiquées en milieu scolaire et associatif : la barette. Quoi qu’il en soit, en devenant « sport » donc « moderne », le rugby s'est trouvé contraint d'intégrer de nouvelles logiques qui doivent trouver une articulation avec celles héritées de ses origines. La société (Gesellschaft) et la communauté (Gemeinshaft) s'y trouvant encore largement mêlées, la culture (Kultur) et la civilisation (Zivilisation) cohabitent encore dans cette pratique sportive, et sans doute plus que dans d'autres. Mais, avec l’entrée depuis 1995 dans une nouvelle étape de son développement, les valeurs « communautaires » initiales se redistribuent de manière frictionnelle avec celles de la modernité.

On s’est ému en France des initiatives médiatiques et spectaculaires (calendrier, pom pom girls) du Stade français. Toutefois, ces débats ne masquent-ils pas des mutations plus profondes ? Ainsi, comment l’« amour du maillot » et certaines formes de lien social et d’engagement, qui excédaient traditionnellement l’espace du terrain pour s’élargir à l’espace de la cité, peut-il s’articuler avec la déterritorialisation du recrutement ? Par ailleurs, comment combiner la valeur centrale du sens de la collectivité avec la montée en force de formes d’individualisation de cette discipline ? En d’autres termes, la vedettarisation observable de certains joueurs (le phénomène Wilkinson) ne va-t-elle pas à l’encontre de l’esprit d’un sport exigeant l’effacement de l’individu dans le groupe, ou la nécessaire cohésion entre une équipe et ses supporters (la récente « affaire » Michalak et les sifflets du public au Stade de France) ?

Au cœur de ces interrogations figure, on le voit, le rôle des médias. Considérant les enjeux financiers qu’ils représentent, certains y voient des sources possibles de dérives telles que celles du dopage tandis que d’autres s’inquiètent d’évolutions affectant les modes de traitement mis en œuvre par les professionnels de l’information À ce titre, l’évolution des langues des entraîneurs, et la réorganisation des identités locales sont-elle liées au commentaire télévisuel ou radiophonique et au parler médiatique ? La perception et la conception de ce sport sont-elles transformées par la focalisation sur certaines phases de jeu ou en l’emphatisation de certains gestes spectaculaires (les « plaquages offensifs » notamment) lors des retransmissions télévisuelles ? Dans le même ordre d’idées, le registre émotionnel du spectacle sportif et la polarité passion/raison  sont-ils modifiés par des mises en images sans cesse investies par des procédés technologiques de « visualisation » de plus en plus omniscients ou par les indicateurs statistiques ? Enfin, et si l’on se tourne maintenant du côté des publics, les liens organiques que la presse entretient avec son lectorat, où le compte-rendu de match fait écho à la glose sportive informelle et spontanée d’après match, n’est-il pas menacé par la technicisation du vocabulaire de la presse écrite ?

À ces discours pessimistes qui donnent à penser que la médiatisation du rugby remet fondamentalement en cause des référents identitaires partagés par la communauté des pratiquants et des amateurs, d’autres commentateurs opposent une approche plus sereine de ces transformations. La force de la « culture sportive » du rugby n’est-elle pas en effet garante d’une préservation de ses valeurs constitutives ? Les mutations tant décriées n’affectent-elles pas essentiellement une élite (internationale et nationale) faisant écran à un secteur amateur conservant intacts ces systèmes de valeurs et ces liens avec le secteur professionnel ? Par ailleurs, la délocalisation élargie du recrutement ne peut-elle être considérée comme un moyen de dépassement de formes archaïques de localisme et de chauvinisme ? Ne peut-elle pas œuvrer à des formes de dialogues et de compréhension inter-culturelles amplifiés par les médias qui oeuvrent ainsi à l’émergence de communautés spectatorielles transfrontalières ? Cette diabolisation des médias ne se fonde-t-elle pas enfin sur une centration des regards sur des opérateurs dominants et leur ligne éditoriale (Canal +), occultant le rôle et la place de médias régionaux ou à diffusion régionale (« Rencontres à XV », Sud Radio), ou même le ton de certains commentateurs nationaux (J. Abeilhou sur France 2) qui perpétuent la sociabilité rugbystique ? Le respect (de l’adversaire, du joueur, de l’arbitre), valeur fondamentale en rugby, ne trouve-t-il pas dans les propos des journalistes une tribune puissante ? En relayant sous diverses formes certaines valeurs traditionnelles, les médias, qu’ils soient spécialisés ou non, n’en sont-ils pas les garants et les gardiens ?

Cependant, ceux-ci n’ont-ils pas tendance à occulter l’ambiguïté de la communauté rugbystique quant à la violence, physique ou symbolique (on pense aux célèbres euphémismes des commentateurs et consultants ou au pseudo fair play du public) ? En érigeant le rugby en bon élève des sports collectifs, par opposition à son éternel rival le football et à ses dérives actuelles, les journalistes ne sont-ils pas dupes ou complices d’un certain discours, parfois stéréotypique (le rugby cassoulet) ou autocomplaisant (le French flair) ? Cette exploitation des représentations sociales qui leur permet d’avoir les faveurs d’un public non spécialiste ou conservateur reflète-t-elle la réalité d’un sport en pleine mutation ?

La problématique des valeurs ne peut, quoi qu’il en soit, faire l’économie d’une réflexion sur le cadre éducatif d’un sport dont l’une des devises est « École de rugby, école de la vie ». Sont invoqués la socialisation, l’apprentissage de la solidarité et de la générosité, mais aussi celui du respect de la règle. La FFR affiche la nécessité d’un apprentissage éducatif préalable à un apprentissage compétitif, et soutient des actions pédagogiques dont elle souligne la formation citoyenne tout autant que perceptive, technique et physique. Quel rôle jouent ou peuvent jouer les médias dans une telle programmatique ?  À l’approche de la Coupe du Monde, cette réflexion s’avère d’une importance capitale, l’envergure de l’évènement fournissant une chambre d’écho d’importance à la pratique quotidienne des éducateurs. Comment exploiter et gérer les effets de cette compétition ? Dans quelle mesure la médiatisation pourra-t-elle servir d’outil de médiation aux valeurs inhérentes à ce sport ? 

En conclusion, le rugby semble entretenir avec les médias des rapports relevant du mode de la tension entre une pratique et son spectacle, dont émergent 5 axes, non-limitatifs :

    Ouverture et clôture de l’univers rugbystique,

    Le caché et l’apparent, l’occulté et le montré,

    Tradition et modernité du rugby,

    L’individu et le groupe,

    Règle et affrontement physique, morale et rapports agonaux.

Les propositions de communications ne devront être envoyées qu’à partir de la diffusion du second appel à communication (envisagée au mois de Septembre).

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