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7 janvier 2006

Le corps entre sexe et genre, Ed. L'Harmattan 05

Le genre est culturellement ce qui sépare l’homme de la femme par des caractéristiques incorporées, dont le discours et les pratiques trouvent dans la différence sexuelle un principe de légitimation par la nature organique du corps masculin et féminin. C’est «  la stylisation répétée du corps, une série d’actes répétées à l’intérieur d’un cadre de régulation hautement rigide »[1].

Le gender est «  un concept développé pour contester la naturalisation de la différence sexuelle »[2]. La naturalisation est une construction idéologique de la domination masculine pour légitimer la hiérarchie sexuelle, sociale et la division des tâches. Selon Pierre Bourdieu la réalité sexuée de la différence des corps est le résultat d’un   « programme social de perception incorporé »[3] ; la différence anatomique entre les organes sexuels sert de «  justification naturelle de la différence socialement construite entre les genres »[4]. La perception naturalise la différence sexuelle et trouve dans les orifices et organes la matière même de la distribution des fonctions sociales à partir des fonction sexuelles et reproductives. La répartition des rôles et des fonctions sociales établit des oppositions verticales (sec-humide, haut/bas, droite-gauche, masculin/féminin) à partir des processus bio-sociaux de cycle de vie et de mort (mariage, gestation, naissance, éducation des enfants, deuil..) et des mouvements (ouvrir/fermer, entrer/sortir, cueillir/chasser).

L’accentuation ou l’élimination de la séparation des genres structurent la perception des organes et de l’activité sexuelle et la justification de la division sexuelle des taches sociales en utilisant la naturalisation comme un alibi idéologique.  Le genre se trouve dans un féminisme de la subversion des styles corporels que nous accomplissons de manière performative par la répétition et le rituel des postures et des actes sociaux que chaque sexe accomplit : «  il devient possible de montrer que ce que nous pensons être une propriété «  interne » à nous-même doit être mis sur le compte de ce que nous attendons et produisons à travers certains actes corporels »[5]

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Le corps est entre sexe et genre posant ainsi la question de la ligne de démarcation[6] entre nature et social afin d’éviter tant une dénaturalisation par un constructivisme social qu’une réduction par un naturalisme revivifié par les travaux sur la bioconstruction développementale.


[1] Michèle Causse, 2000, L’aporie du genre, Contre le sexage, Ed. Balland, p. 29.

[2] Donna Harraway, 1991, Simians, Cyborgs and Women : the Reinvention of Nature, N.Y., Routledge, p. 131.

[3] Pierre Bourdieu, 1998, La domination masculine, Paris, Seuil, p.16.

[4] Idem.

[5] Butler J., 1990, Trouble dans le genre, Paris, La Découverte, 2005, p. 36.

[6] Kraus C., 2005, «  Avarice épistémique » et économie de la connaissance : le pas rien du constructionnisme social, dans  H. Rouch, E. Dorlin, SD. Fougeyrollas-Schwebel, eds., Le corps, entre sexe et gente, Paris, L’Harmattan, Bibliothèque du féminisme, p. 39-59, ici p. 57.

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