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30 décembre 2005

26/27 Oct 06 Anthropologie des abris de loisirs

Colloque international

Anthropologie des abris de loisirs

Université Paris X- Nanterre : 25 - 27 octobre 2006

Appel à communications

L’abri de loisirs, à travers son modèle originel qui est la cabane, est un objet de référence de la culture occidentale[1]. Apparu avec la révolution industrielle, l’abri de loisir est indissociable de l’avènement de la culture de masse. Le terme abri désigne un objet dont la dimension métaphorique permet d'explorer l'« habiter » et dont la dimension conceptuelle conduit à problématiser la question de l'habitat. L’abri de loisirs est une construction éphémère qui se définit moins par la durée (très variable) qui lui est accordée que par les intentions de ses créateurs. Cette construction se caractérise, d’une part, par l’absence d’impératifs de solidité (d’où le choix de matériaux de récupération ou périssables), et des techniques de construction révélatrices de diverses formes de bricolage ; d’autre part, cette construction s’oppose au provisoire en ce sens qu’elle n’est pas un pis-aller en attendant autre chose, mais une architecture existant pour elle-même, le temps que quelque chose se produise. L’abri de loisirs apparaît alors comme fondamentalement lié au jeu, aux loisirs, à la fête et à des pratiques de retrait social. Cet objet de recherche, qui pourrait sembler futile et dérisoire, en dit pourtant long sur nos sociétés et sur ce que sont et ce que font nos contemporains. Notre hypothèse de travail consiste a) à envisager l’abri de loisirs comme le révélateur et le support du développement des loisirs dans nos sociétés contemporaines, b) à s’interroger sur les passages à un habitat multiforme à des fins ludiques.

Les abris de loisirs sont un signe fort de l’émergence du « Plein air » dans les sociétés occidentales. La mise en paysage de la nature dans l’esthétique du XVIIIe siècle, les philosophies et les nouveaux usages du jardinage font de l’habitat temporaire un jeu. Ce jeu, qui consiste à habiter par intermittence et en condition de précarité la nature, est concomitant de l’avènement des pédagogies nouvelles, de L’Emile de Jean-Jacques Rousseau aux scoutismes et autres mouvements de jeunesse[2]. Il est également un des catalyseurs du tourisme moderne dès le tournant du XXe siècle avec les loisirs sportifs, le camping, la randonnée et les pratiques sportives de pleine nature[3]. A l’occasion de la diffusion de ces activités largement tournées vers la jeunesse, l’abri de loisirs devient un élément constitutif des sociétés et de leurs mentalités : congés payés, utopies communautaristes, villages recomposés, hygiénisme social, figures d’explorateurs et d’aventuriers… sont autant de circonstances où se rejouent les rapports nature-culture propres à l’Occident[4].

Bien que l’histoire et la sociologie des loisirs soient des champs de recherche désormais établis et que nombre de travaux en sciences sociales traitent des loisirs et de l’habitat, les « abris de loisirs » ne sont jamais apparus comme catégorie d’analyse. Et pourtant, des recherches portant sur différents types d’abri de loisirs existent en sciences sociales, de l’histoire à l’anthropologie en passant par l’architecture, la géographie et la sociologie[5]. L’objet empirique existe donc sous des formes variées, mais il n’a pas encore été reconnu et désigné comme objet de recherche. L’objectif du colloque est précisément d’en faire un objet d’étude en soi, en tentant de regrouper les recherches éparpillées et hétérogènes et d’unifier un domaine encore en friche. Le moment est propice pour élaborer un objet d’étude commun, avec les méthodes et le cadre théorique de l’anthropologie.

L’intérêt porté aux différentes formes d’abri de loisirs a plusieurs origines. La première procède de certains architectes et du rôle qu’ils assignent à l’abri et à la cabane comme modèles premiers de l’architecture. La critique de l’habitat standardisé (grands ensembles, pavillons) les a conduit à privilégier la simplicité et le moindre coût, tout en recherchant une esthétique conforme à ces valeurs. Ce travail les a poussé à s’intéresser à l’habitat de loisirs qui, cessant d’être classé dans le registre de l’habitat secondaire, joue un rôle à la fois expérimental et alternatif. Le paradoxe tient à ce que des cabanons par exemple[6], associés jusque-là à la classe ouvrière, sont investis de valeurs nouvelles. La crise économique rapproche, sans pourtant les mêler, les modes de vie de gens en situation précaire et ceux qui refusent le confort et la consommation. A la marge de notre objet de recherche, les nouvelles formes de pauvreté et de précarité sociale posent aussi la question de l’architecture spontanée et de l’installation dans des formes d’habitat provisoire, relevant de pratiques de récupération, de bricolage et de détournement. Subies ou choisies, ces situations conduisent à questionner le sens des architectures populaires et vernaculaires.

Simultanément, et dans un processus inverse, l’abri devient un objet de consommation de masse. Là où l’on s’attendait à du bricolage et à de l’auto-construction, on trouve une production industrialisée d’abris de loisirs. La diffusion sur catalogue (de la grande surface de bricolage à la galerie d'art) transforme l’abri en produit de grande consommation, et la demande croissante de biens autour du loisir et du temps libre en fait un débouché économique lucratif. Ce système de diffusion impose des modèles esthétiques rassurants, qui résolvent aussi certains problèmes de la réglementation les concernant : lois sur le littoral et l'environnement, contrôle du paysage ou du rivage... Mais pour ceux qui s'opposent à cette normalisation, concevoir une cabane devient un engagement car elle remet en cause la coupure entre conception et fabrication. Parce qu’elle se fabrique le plus souvent avec des matériaux de récupération, la cabane peut difficilement être identifiée comme digne témoin d’un passé ou d’un présent dont pourrait se prévaloir par les institutions de la culture et l’idéologie patrimoniale.

L’abri de loisirs - en tant que lieu d’évasion, que maison onirique - exprime-t-il seulement les divers états de l’imaginaire de son créateur ou de son utilisateur, ou est-il plutôt le résultat d’une inscription sociale et culturelle spécifique ? Peut-on relever des formes communes édifiées socialement et transmises collectivement ? Quels sont les traits communs de l’abri par delà sa variabilité fonctionnelle, culturelle ou historique ? Quelle organisation,  quel découpage de l’espace prévaut à l’intérieur et à l’extérieur de l’abri ? Comment se négocient les exigences de confort, de protection, d’intimité et les contraintes de l’habitat de plein air ? Si tout édifice est « une nécessité enveloppée » (Viollet-le-Duc), de quelles nécessités l’abri est-il redevable ? Quels fonctions, usages, représentations et valeurs véhicule-t-il ? L’abri fonctionne aussi comme signe d’identité, et il est à considérer en relation avec une société donnée, avec la complexité de son organisation et ses facteurs socioculturels. À quel abri rêvent aujourd’hui certains de nos contemporains? Quels sont les nouveaux contextes où le construire et l’utiliser? Quels en sont les usages ? En un mot, que produit cette économie générale de l’abri ?

Notre hypothèse est qu’il produit un ailleurs familier, requalifiant les relations entre ville et nature, entre travail et loisirs, entre temps contraint et temps libre, entre participation et retrait social. Bref, l’abri de loisirs ne relèverait-il pas d’un projet de vie alternatif spécifique sur la base d’un désir d’ailleurs, un ailleurs qui ne serait pas aux antipodes mais proche, d’un ailleurs qui ne serait pas inconnu mais familier[7]. « Le bout du monde, dit l’ethnologue Jacques Meunier, est partout. Il s’accommode aussi bien du Cap Horn que d’un fond de jardin »[8]. Ne serait-ce pas de cela dont il s’agit ? L’horizon de l’abri ne serait-il pas le fond du jardin et non celui des déserts ou des sommets lointains ? Un bout du monde à portée de main, un lointain bon marché et familier, un retrait du monde dans l’univers social, entre la solitude et la vie en commun. En cela, l’abri introduirait une distinction fondamentale dans la sphère des loisirs et remettrait en question les catégories usuelles du tourisme.

Le colloque « Anthropologie des abris de loisirs », première rencontre scientifique internationale en France consacrée à cette question, prolonge un séminaire organisé depuis 2002, dans le cadre du Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative (UMR 7535, CNRS) et de la Société d’Ethnologie Française (SEF). Pluridisciplinaire, il regroupera des chercheurs en histoire, géographie, architecture, STAPS, ethnologie et sociologie. Ce colloque permettra de confronter résultats et interprétations de recherches récentes et encore inédites pour certaines, de réunir des chercheurs dont les travaux sont aujourd’hui en pointe sur les thèmes de la rencontre et de définir un nouvel objet de recherche anthropologique. La comparaison des données et des problématiques permettra de tester des hypothèses relatives à la perception du paysage et de l’habitat, à la géographie des loisirs et du plein air et à la notion de frontière dans des contextes et des situations fortement hétérogènes : depuis les communautés et les abris apparemment les plus « traditionnels » jusqu’aux établissements pionniers et novateurs d’aujourd’hui. L’intérêt de ce colloque vient de ce que des chercheurs d’horizon très variés tenteront de comprendre l’importance prise aujourd’hui par des formes d’habitat à la marge qui articulent les questions de mobilité, de temps libre, de loisir et de travail et dont les implications sont non seulement sociales, juridiques et culturelles, mais aussi économiques. Réécrites à la lumière de la réflexion collective élaborée pendant le colloque, les contributions seront sélectionnées par le comité scientifique et réunies dans un ouvrage collectif qui devrait pouvoir paraître peu de temps après la rencontre.

Comité scientifique

Tiphaine Barthélémy, maître de conférences, anthropologue, université de Paris VIII

Catherine Bertho-Lavenir, professeur, historienne, université de Clermont-Ferrand

Jacques Cloarec, directeur de recherche, anthropologue, CNRS

Jacques Defrance, professeur, sociologue, université de Paris X

Françoise Dubost, directeur de recherche, anthropologue, CNRS

Françoise Loux, directeur de recherche, anthropologue, CNRS

Anne Monjaret, chargé de recherche, anthropologue, CNRS

Anne-Marie Peatrik, directeur de recherche, anthropologue, CNRS

Bernard Picon, directeur de recherche, sociologue, CNRS

Gilles Raveneau, maître de conférences, anthropologue, université de Paris X

Martine Segalen, professeur, anthropologue, université de Paris X

Olivier Sirost, maître de conférences, sociologue, université de la Méditerranée 

Jean-Didier Urbain, professeur, sociologue, université de Versailles-St Quentin

Comité d’organisation

Gilles Raveneau, Maître de conférences, université de Paris X, Nanterre

Olivier Sirost, Maître de conférences, université de la Méditerranée, Marseille

Calendrier

-         Appel à communications (propositions de 3500 signes) jusqu’au 23 avril 2006

-         Réponses aux propositions de communication : lundi 29 mai 2006

-         Remise par les participants d’un texte intermédiaire de 12 000 signes :vendredi 10 septembre 2006

-         Clôture des inscriptions : 27 septembre 2006

-         Colloque du mercredi 25 octobre au vendredi 27 octobre 2006

-         Remise des textes pour publication sur avis du conseil scientifique vendredi 19 janvier 2007

Pour tout contact et envoi des propositions :

abrisdeloisirs@mae.u-paris10.fr

Adresse postale de réception des inscriptions :

Colloque Abris de loisirs

Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative, UMR 7535 du CNRS,

Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie René Ginouvès,

21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex.

Les propositions d’intervention (3500 signes maximum) sont à faire parvenir au plus tard pour le 23 avril 2006.

Propositions de communication

Les propositions de 1 à 2 pages ne devront pas excéder 3500 signes et comprendront 5 mots clés : elles devront mentionner nom et prénom, statut et organisme de rattachement ainsi que votre adresse électronique. Elles seront acceptées en anglais ou en français uniquement.

Afin de simplifier le travail d’organisation, vous voudrez bien utiliser le modèle de proposition de communication en pièce jointe. Les propositions seront impérativement rédigées en Times New Roman de 12 points. Le fichier informatisé du résumé envoyé aux organisateurs par voie électronique sera simplement nommé par les nom et prénom de l’auteur sous la forme : NOM Prénom.

Les intentions de communications, précisant à la fois l’objet, le terrain d’étude et les termes généraux de la réflexion théorique, devront parvenir à abrisdeloisirs@mae.u-paris10.fr, ainsi qu’à Gilles Raveneau (gilles.raveneau@mae.u-paris10.fr) et Olivier Sirost (olivier.sirost@staps.univ-mrs.fr) pour le 23 avril 2006. Les auteurs seront informés des décisions du Comité scientifique le 29 mai 2006. Un texte intermédiaire de 12 000 signes est demandé avant le Colloque, pour le 10 septembre 2006 au plus tard, de façon à faciliter l’organisation et le travail des rapporteurs. Les textes définitifs en vue de la publication devront parvenir au conseil scientifique le 19 janvier 2007.

Informations pratiques

Droits d’inscription

Les droits d’inscription au colloque et les repas sont gratuits pour les communicants et les présidents de séance.

-         Auditeurs : 30 Euros

-         Etudiants : 15 Euros

Les droits d’inscription couvrent la participation à l’ensemble des activités scientifiques, les pauses cafés, la participation à l’apéritif à l’issue de la première journée et le recueil des résumés des communications.

Les droits d’inscription au colloque seront exclusivement réglés par un chèque bancaire ou postal établi à l’ordre de l’Agent comptable de l’Université de Paris X « Abris de loisirs ». Le règlement et la fiche d’inscription devront parvenir au Comité d’Organisation, à l’adresse postale indiquée, avec la fiche d’inscription complétée et la version papier de la proposition de communication.

Les inscriptions sont à envoyer à la fois par email et par la poste à l’adresse suivante :

Colloque Abris de loisirs

Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative, UMR 7535 du CNRS,

Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie René Ginouvès,

21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex.

abrisdeloisirs@mae.u-paris10.fr

Les participants non communicants sont invités à s’inscrire dès que possible en envoyant par mail et par courrier la fiche d’inscription à :

Monique Descieux

Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative, UMR 7535 du CNRS,

Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie René Ginouvès,

21 allée de l’université, 92023 Nanterre cedex.

Courriel : monique.descieux@mae.u-paris10.fr

Lieu du colloque :

Université de Paris X Nanterre, Bâtiment B, salle des colloques

allée de l’université, 92023 Nanterre cedex.

Accès : 

- Gare SNCF Nanterre Université

- RER A, direction Saint Germain-en-Laye, station Nanterre Université

- Bus RATP 267, 304, 357 (gare de Nanterre Université RER) : arrêt Université Paris X.


[1]Rijkwert J., Adam’s House in Paradise, New York, 1972 (trad. Fr. La maison d’Adam au paradis, Paris, Seuil, 1976).

[2] Cholvy G., Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (XIXe-XXe siècles), Paris, Cerf, 1999 ; Gauthé J.-J., Le scoutisme en France, inventaire de la bibliographie et des sources, Montpellier, PUM, 1997.

[3] Corbin A., L’avènement des loisirs, Paris, Aubier, 1995 ; Boyer M., Histoire de l’invention du tourisme, La Tour d’Aigues, L’Aube, 2003.

[4] Dalla Bernadina S, L’utopie de la nature, Paris, Imago, 1996; Descola P., Gisli P. (Eds), Nature and society. Anthropological perspectives, London, Routdledge, 1996; Descola P., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

[5] Baty-Tornikian G. (dir.), Cités-jardin. Genèse et actualité d’une utopie, Paris, IPRAUS/Recherches, 2001 ;  Bertho-Lavenir C., La roue et le stylo. Comment nous sommes devenus touristes, Paris, Odile Jacob, 1999 ; Brun B. & alii., Cabanes, cabanons et campements. Formes sociales et rapports à la nature en habitat temporaire, Chateauneuf de Grasse, Ed. de Bergier, 2001 ; Cabedoce B. & Pierson P., Cent ans d’histoire des jardins ouvriers, Paris, CREAPHIS, 1996 ; Counts D. A. and Counts D. R., Over the next hill. An ethnography of RVing seniors in North American, Toronto, Broadview Press Ltd , 2001; Dubost F. (dir.), L’autre maison. La « résidence secondaire », refuge des générations, Paris, Autrement, 1998 ; Hays A., Matuk S., Construire pour la paix : des abris pour la guerre des maisons pour la paix. Paris, ed. Alternatives et ed. UNESCO, 1995 ; Matthias L., Mobile Architektur, Deutsche Verlags-Amstalt, 1997; Ward C. & Hardy D., Goodnight campers! The history of the British Holiday Camp, Mansell, 1987.

[6] Tixier J.-M. & Moirenc C., Le cabanon, Ed. Jeanne Lafitte, 2004 ; Bayol J., Les roulottes. Une invitation au voyage, Genève, Ed. Aubanel, 2005 ; Poulain F. & E., L’esprit du camping, Ed. Cheminements, 2005.

[7] Couchaux D., Constructions nomades, Paris, Alternatives, 1980.

[8] Meunier J., On dirait des îles, Paris, Flammarion, 1999, p.76.

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Commentaires
O
Super ! (C'est quand même mieux que 20six... et je dis ça en tant que 20sixienne !)
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