Samuel Fosso
Considéré comme l'un des maîtres de l'autoportrait, ce Cindy Sherman africain découvert au début des années 1990 a commencé l'exercice à l'âge de 13 ans, en 1975.
«Je suis né en pleine guerre, et pendant longtemps je n'ai pu que fixer l'objectif en face. Je n'avais pas d'amis et la photo a aggravé ma solitude», confie ce rescapé des atrocités du Biafra, recueilli par un oncle à Bangui (République centrafricaine) qui possède un studio de quartier. La nuit, une fois les clients partis, Samuel Fosso se photographie pour finir les pellicules de la journée et envoyer des images à sa grand-mère et aux quelques rares parents de son ethnie ibo encore en vie. «Quand j'ai pu leur rendre visite, j'ai continué l'exercice pour que mes enfants voient les changements de l'âge.» Mais, par-delà la confusion des genres et les métamorphoses physiques, c'est un regard acéré qu'il pose sur son continent, comme l'atteste le chef «qui a vendu l'Afrique aux colonisateurs» de la série Tati (1997). En attendant sa future production autour des grands hommes d'Afrique.