De la pornographie en Amérique
De la pornographie en Amérique
Auteur | Marcela Iacub |
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Editeur | Editions Fayard |
Date de parution | avril 2010 |
Collection | Histoire Pensee |
Aucun pays n’a pris la liberté d’expression plus au sérieux que
les Etats-Unis. Au regard du régime d’expression européen,
l’Amérique fait figure d’un eldorado où toutes les paroles paraissent
bonnes à dire. Marcela Iacub raconte comment ce régime de liberté
d’expression résulte d’une sorte de coup d’Etat institutionnel mené
par la Cour suprême à la fin des années 1930. En se fondant sur
l’analyse de tous les arrêts de cette dernière au XXe siècle, elle
montre qu’en Amérique on ne peut pas tout dire. Certes, dans le
domaine des opinions politiques, les Américains sont les dignes
héritiers des Lumières. Mais tous les discours ne sont pas traités de
la même manière.
Et au sein de ce système de protection de la
parole à plusieurs vitesses, la catégorie la plus mal lotie est
incontestablement celle qui concerne le sexe. Exemple de
libéralité : la Cour suprême autorise les outrages au drapeau
national car, selon elle, c’est parce qu’il est un symbole révéré que
le drapeau mérite d’être outragé. Signe de restriction : la même
Cour interdit l’usage du mot fuck à la télévision pendant les heures
de grande écoute, car ce mot évoque de manière trop forte l’acte
sexuel. Expliquer ce paradoxe par la seule culture religieuse et
puritaine, c’est manquer un des fondements essentiels de la
démocratie américaine.
En pensant ensemble la libéralisation
absolue de la parole politique et la restriction exacerbée de tout
discours à caractère sexuel, Marcela Iacub propose une analyse
totalement originale du système politique américain et montre
comment, à travers ce cas, c’est l’avenir de la liberté d’expression
dans nos sociétés qui est en jeu.