L'Usage du Monde Philippe Breton
http://www.quaibranly.fr/fr/actualites/l-usage-du-monde.html
“L’USAGE DU MONDE” est une collection de films documentaires coproduite par le musée du quai Branly, Les Films d’Ici et ARTE France. Elle est dirigée par Stéphane Breton, cinéaste et ethnologue.
Les cinq films déjà réalisés seront diffusés sur ARTE chaque samedi à 12h à partir du 3 avril 2010.
Avec la collection “L’USAGE DU MONDE”, le musée du quai Branly a voulu mettre en œuvre dans des films l’idée qu’il se fait de la relation avec d’autres cultures et d’autres hommes. Cette idée s’inscrit en conformité avec ses choix intellectuels et artistiques fondamentaux : favoriser la création contemporaine, renouveler la compréhension de la diversité des cultures, s’interroger sur le rôle de l’anthropologie dans le monde moderne, mêler l’art et la réflexion, apprendre à regarder l’ailleurs.
Il ne s’agit pas de films ethnographiques ou scientifiques aux sens strict, descriptifs, pédagogiques, objectifs et distanciés, reposant sur une thèse, un discours ou des explications. Les réalisateurs ont choisi au contraire de s’inspirer de la tradition intellectuelle et littéraire du voyage philosophique. Dans cette tradition, la position singulière du narrateur et le style propre de son regard sont un élément indispensable du récit. Celui-ci ne prétend pas à l’objectivité ou à la neutralité, il est au contraire le compte rendu d’une expérience personnelle. De cette manière, l’entreprise ethnographique devient accessible au public et prend une signification universelle. Ce choix est très exactement celui du cinéma documentaire dans ce qu’il a de meilleur. Celui qui filme est présent dans la scène, au milieu des gens qu’il regarde. Il n’est pas protégé de la réalité par un mur de verre. Le film n’est autre chose que son propre regard, le récit de sa propre présence et de sa position.
Avec cette collection, le musée souhaite constituer un fonds patrimonial de valeur, une sorte de mémoire des sociétés humaines à l’orée du nouveau siècle, qu’elles se trouvent sur les marges de la modernité ou dans les derniers confins qui lui échappent, et de présenter l’état d’esprit commun, mais le style différent, de toute une génération de réalisateurs de films documentaires, venus des quatre coins du monde et défendant un véritable point de vue d’auteur.
la collection "L'usage du monde" sera prochainement éditée en DVD par les éditions Montparnasse.
Gabon, 2007. Un chantier forestier.
Tous les matins, la route est longue qui mène du camp des forestiers au cœur de la brousse. Là, deux hommes, deux bûcherons — un maître-abatteur et son élève — travaillent côte à côte. Ils tronçonnent d’immenses arbres qui s’effondrent avec fracas. Chaque jour, au cœur de la forêt gabonaise, ils risquent leur vie dans ce «travail de garçon », comme ils disent. De retour au camp, chez eux, ils vivent chacun dans l’écho de cette lutte quotidienne. Le premier vit seul, loin des siens ; il fréquente assidûment l’église évangélique. L’autre, jeune père, prend soin de sa famille ; bon vivant, il se rend quand il peut à la ville. Leurs destins se croisent puis se séparent.
Né en 1973, Julien Samani fait ses études à l’école des Arts Décoratifs de Paris. Puis il découvre le cinéma à la Cooper Union School of Design de New York, où il réalise ses premiers films. Il travaille aujourd’hui comme graphiste et illustrateur. Son premier film, La peau trouée, raconte la pêche au requin sur un chalutier dans l’Atlantique.
Nouveau Mexique, 2008. Une ancienne communauté espagnole des rives du rio Pecos.
Dans les confins de l’Amérique du Nord, une petite communauté espagnole fondée au début du XIXe siècle survit, ou plutôt s’éteint tranquillement, au milieu d’une région aride rongée par la rouille, la bière et les vents de sable. Des carcasses d’engins agricoles et des cadavres de vaches jonchent la terre ingrate. Ce monde donne une impression de déroute délicieuse. Le chaos des jours ordinaires d’un lieu vidé de tout ne rend pas l’existence plus difficile, mais plus légère.
Né en 1959, Stéphane Breton est ethnologue et réalisateur de films documentaires. Il tourne ses films seul, assurant la prise de vues et de son. Il a vécu plusieurs années chez les Wodani des hautes-terres de Nouvelle-Guinée, où il a réalisé Eux et moi (Les Films d’Ici et ARTE, 2001). Tourné en coulisses, du point de vue d’une caméra subjective, ce film raconte ses relations ambiguës et ses négociations d’épicier avec les gens de ce village perdu dans les montagnes.
Chine du Nord, 2008. Province du Shaan Xi.
Sur la route du charbon, qui va des mines du Shaan Xi au grand port de Tianjin, en Chine du Nord, des chauffeurs au volant de camions de cent tonnes chargés jusqu’à la gueule font la noria, de nuit et de jour. Au bord de la route, flics, péages, restaurants, accidents, encombrements. Les chauffeurs s’arrêtent sur des parkings et vendent leur chargement. Un intermédiaire truculent et rusé facilite les négociations entre les camionneurs, toujours méfiants, et les acheteurs, dédaigneux par profession. Toute l’âme de la Chine moderne, pleine d’énergie et de désordre, est décrite dans ce récit minutieux et haletant.
Né en 1967 dans la province du Shaan Xi, Wang Bing fait des études de photographie à l’Ecole des Beaux-Arts de Luxun puis à l’Ecole de cinéma de Beijing. En 1999, il commence le tournage, qui durera quatre ans, de À l’Ouest des rails, un film documentaire sur le démantèlement du site industriel de Shenzen, qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Il réalise ensuite Fengming, chronique d’une femme chinoise (2007), sur la Révolution Culturelle à travers le portrait d’une femme. Crude Oil (2008), son dernier film, reprend le format monumental qui lui est propre.
Un petit village des bords de la Mer Blanche, 2008. Aux confins de la Russie septentrionale.
Alors que l’hiver a tout enseveli dans la nuit glaciale du Nord, quelques heures de lumière par jour subsistent à la veille de Pâques dans le village de Soumskiy Pozad, un millier de kilomètres au nord de Saint-Pétersbourg, dans la province de Carélie. Relié au reste du pays par une vague route boueuse et un morceau de voie ferrée, le village vit dans un temps suspendu et mystérieux. C’est la Russie des forêts sans fin et des carrés de patates. Quelques personnages robustes et intransigeants vivent tranquillement, pressés par aucune nécessité. Deux petites filles viennent d’être adoptées par une famille. La femme est douce, l’homme colérique. C’est la Russie de Tchekhov : heureuse encore, déchirée pourtant, et froide.
Né en 1964 en Biélorussie, Serguei Loznitsa s’installe par la
suite à Kiev, en Ukraine, où il fait des études de mathématiques. Il
travaille à l’Institut de cybernétique de la ville. En 1991 il commence
ses études à l’Institut de cinéma de Moscou, sous la direction de Nana
Dzhordzhadze. Depuis 2000, ses films
sont produits par le Studio de
films documentaires de Saint-Pétersbourg. Il a réalisé une dizaine de
films de non-fiction, parmis lesquels Représentation (2007), Artel
(2006), Blocus (2006), L’usine (2004), Paysage
(2003), Portrait (2002), L’attente (2000), La
vie, l’automne (1998, avec Marat Magambetov).
Népal 2009
Au creux d’une vallée du Népal, au bout d’un chemin usé par tant de siècles et tant de pieds, se trouve un village de brahmanes : merde à tous les coins de rue, pureté des coeurs, éblouissement. Deux vieux bergers, trop souvent tristes, accompagnés parfois d’un garçon à la belle innocence, vivent là et vont pousser leurs bêtes en chantant sur les pentes les plus désolées.
Né en 1959, Stéphane Breton est ethnologue et réalisateur de films documentaires. Il tourne ses films seul, assurant la prise de vues et de son. Il a vécu plusieurs années chez les Wodani des hautes-terres de Nouvelle-Guinée, où il a réalisé Eux et moi (Les Films d’Ici et ARTE, 2001). Tourné en coulisses, du point de vue d’une caméra subjective, ce film raconte ses relations ambiguës et ses négociations d’épicier avec les gens de ce village perdu dans les montagnes.