Vers une société post-mortelle ?
GT 41 de l'Association Française de Sociologie
« Corps, techniques et société
»
Séminaire public 2009-2010
« Corps et techniques : dépassement,
déplacement, distance »
Horaire : 16h00-18h30
Lieu : CETCOPRA -
Université Paris 1, 17, rue de Tolbiac. 75013 Paris.
5ème étage
(RER C
ou Métro ligne 14, bus 62 ou 89)
Mardi 17 Décembre 2009
Gaëlle Clavandier (Université Jean Monnet Saint-Etienne),
Céline Lafontaine (Université de Montréal)
Vers une société post-mortelle ?
Déplacement
et dépassements des frontières en sociologie de la mort
Sans inscription
- contacts :
valerie.souffron@univ-paris1.fr
Caroline.Moricot@univ-paris1.fr
maesma@libero.it
Sites: www.cetcopra.univ-paris1.fr www.afs-socio.fr
Gaëlle Clavandier (Université Jean Monnet Saint-Etienne)
Quelle place pour une Sociologie de la mort ?
Face aux mutations du mourir comment le
sociologue peut-il se
positionner, et quelle peut-être la plus-value de son
regard ?
Tout semble indiquer que les rituels traditionnels ont volé en
éclat
et que la socialisation du mourir ne s'élabore plus que par le biais
de pratiques intersubjectives, voire relèverait exclusivement de la
sphère privée. Doit-on alors, en tant que sociologue renoncer à
étudier
le « rapport à la mort » ? Dans un contexte où les pratiques
semblent
s'éparpiller et se diversifier, je ferais l'hypothèse d'un
resserrement des
cadres normatifs, ce à plusieurs échelles :
- celle du cadre légal avec
l'affirmation par le législateur d'un
nécessaire « ancrage » du souvenir,
avec pour corollaire un «
encadrement de la liberté » ;
- celle des
normes professionnelles qui se technicisent et se «
psychologisent »,
constantes repérables à la fois dans la sphère du
mourir (soins
palliatifs), que dans celle de la mort (opérateurs
funéraires) ;
- celle
des usages plus profanes, qui doivent se situer par rapport à
la loi, aux
règles déontologiques et professionnelles, tout en
s'édifiant sur un socle
« en commun » (notamment à l'échelle de la
famille).
Certes le paysage
normatif s'est complexifié en se diversifiant -
supposant ajustements,
compromis, discussions - néanmoins, ce paysage
semble se resserrer sur le
champ des valeurs. Le « bien mourir »,
comme la « bonne mort », organisent
de plus en plus explicitement le
rapport à la mort en mobilisant des
valeurs à visée opérante tel que
le « care », l'accompagnement, la maîtrise
des émotions, la
reconnaissance, etc.
En faisant l'éloge du « bon » et
du « bien », il paraît manifeste que
la question des normes, voire de la
morale est en travail,
redéfinissant par la même les contours du rapport à
la mort. D'où la
nécessité, pour le sociologue de se pencher sur des
terrains
contemporains : ajustements chez les migrants entre les normes
religieuses et profanes du pays d'origine et celles du pays d'accueil
;
mise en œuvre de la crémation et traçabilité des cendres ; impacts
de la
création d'une catégorie « tierce » comme le mourant ;
redéfinition des
contours du corps mort au travers de la pratique des
soins de
conservation... Autant de sujets, pas nécessairement
débattus, qui font
aujourd'hui
question.
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Céline Lafontaine (Université de Montréal)
Le corps immortel de la médecine
régénératrice?
?
Véritable réingénérie du corps, la médecine régénérative
constitue la
forme la plus achevée de la biopolitique contemporaine, elle
annonce
de façon concrète lémergence dune culture of life, où
lexistence
individuelle tend à sassimiler symboliquement à ses
conditions
biologiques. De la transplantation d'organes aux thérapies
géniques en
passant par la fabrication de tissus de remplacement, la
médecine
régénérative incarne la logique de biomedicalisation propre à la
société postmoderne. S'intéressant aux enjeux symboliques et éthiques
de la médecine régénérative, notamment en ce qui concerne les
représentations du corps vieillissant, cette présentation propose de
replacer cette nouvelle branche de la recherche biomédicale dans son
contexte d'émergence afin de bien saisir les présupposés sociaux et
culturels sur lesquels elle repose. Parmi ceux-ci, la place croissante
qu'occupent les personnes âgées dans les sociétés occidentales
constitue un élément central. Aussi, je chercherai à montrer comment
la
médecine régénérative s'inscrit dans le processus de déconstruction
biomédicale de la mort qui sous-tend le fantasme technoscientifique
d'étendre indéfiniment la longévité.
Caroline
Moricot
Université Paris 1
CETCOPRA (Centre d'Etude des Techniques, des
COnnaissances et des PRAtiques)
17, rue de la Sorbonne
75005 PARIS