Transgenre, Thierry était devenue Delphine en 2007
La feuille de paie reçue fin octobre est adressée à Monsieur Thierry Ravisé-Giard. L'Armée de l'air, qui avait pris acte du changement de sexe d'un de ses sous-officiers, est brutalement revenue sur sa décision il y a quelques jours. Transgenre, Thierry était devenue Delphine en 2007.
Une décision qui intervient après le jugement rendu par le Tribunal de grande instance de Nancy le 10 août dernier, qui l'a débouté alors qu'elle demandait à ce que son changement de sexe et de prénom soient modifiés sur son acte de naissance.
En France, la jurisprudence sur la transsexualité est constante : le changement de sexe à l’état civil n’est accordé qu’à certaines conditions. Le demandeur doit avoir pris l’apparence physique de l’autre sexe, "à la suite d’un traitement médico-chirurgical subi dans un but thérapeutique". En clair, un simple traitement hormonal, tel que celui que Delphine Ravisé-Giard a suivi, ne suffit pas. L'armée, très gênée par cette histoire, explique ne pas pouvoir aller à l'encontre de la justice, selon une information recueillie par RTL.
"La prime qu’elle avait en tant que personnel féminin a sauté. C’est un symbole fort. Il est évident que c’est une décision politique" s’emporte Stéphanie Nicot, porte-parole de l'association Trans Aide.
Delphine, dépitée, est depuis en arrêt maladie. « Je suis humiliée, je n’ai eu aucune voix au chapitre, et on m’a même retiré rétroactivement des primes », déplore l’adjudante. Combative, elle a confié son dossier à Emmanuel Pierrat, avocat au barreau de Paris, et assure qu’elle utilisera tous les recours juridiques possibles pour se faire reconnaître femme.