Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Leblogducorps
Leblogducorps
Publicité
Archives
27 juin 2009

Itinérances et profondeurs

Itinérances au long cours, itinérances des profondeurs

Colloque scientifique

La Grave, du 15 au 17 janvier 2010

Réseau Sportsnature.org

 

 

 

 

 

Dans la continuité du colloque que nous avons organisé et de l’ouvrage que nous avons publié autour du thème de l’itinérance (site sportsnature.org), nous souhaitons poursuivre la réflexion sur la question des relations de l’itinérance avec des immersions longues dans la nature. Dans la perspective d’une mutation sociétale, il nous semble important d’observer la place qu’occupent aujourd’hui ces pratiques et les relations avec la nature que celles-ci sous-tendent. En effet, à une époque marquée par un catastrophisme ambiant, relatif à la destruction des écosystèmes et par la valorisation d’une nature aménagée et domestiquée, le statut de ces itinérances interpelle. Faut-il les voir comme un prolongement des pratiques prométhéennes où il s’agit d’aller toujours plus loin dans la conquête des derniers espaces sauvages? Sont-elles l’expression d’une fuite de la société et des affres du monde ? Peuvent-elles se concevoir comme des épreuves initiatiques ? Sont-elles marquées par la volonté de s’immerger dans la diversité du monde à la recherche d’expériences récréatives esthétiques et mystiques ? Où peut-on les saisir comme l’annonce d’un mode de vie itinérant recherché par nos contemporains ? Sans doute, toutes ses explications peuvent se combiner ou s’opposer en fonction du projet des itinérants.

 

Mais au-delà de toutes ces bonnes raisons, peut-on saisir l’émergence d’itinérances qui viennent recomposer la forme historique de celles-ci ? Les approches sur le tourisme durable, l’alpinisme et le post-tourisme ont été l’occasion d’envisager d’autres rapports au voyage. Si la vision classique de l’itinérance se conçoit dans le cadre d’un séjour touristique à l’étranger, on observe la volonté de développer des itinérances des profondeurs à proximité de son domicile. Si la montagne ne présente plus d’ailleurs exploratoire pour les conquérants de l’inutile, différents aventuriers et gens de l’ordinaire investissent ces lieux et proposent des parcours inédits pour redonner de la profondeur à ces territoires. On peut sans doute observer la vitalité de ces pratiques qui participent à repenser les liens entre l’ici et l’ailleurs, la ville et la nature, le familier et l’altérité, le propre et le sale, le travail et le loisir, le banal et l’exotique, le masculin et le féminin… L’époque est marquée par une réflexion sur les mobilités légitimes et responsables dans le cadre des déplacements professionnels ou d’agréments. On s’interroge aussi sur le sens du voyage et sur la valeur de tourisme dans nos sociétés en mouvement et en crise. Dans ce contexte, les itinérances au long cours sont peut-être une occasion pour ré-inventer un rapport à la société qui ne valorise pas la vitesse, la domination, la consommation, les paradis artificiels, la nature technologisée… Tous ces individus qui « larguent les amarres » et partent pour une semaine, six mois, deux ans et plus, à pied, à cheval ou à vélo, sur mer ou dans les montagnes, sont-ils des marginaux, des esthètes, des prophètes, des aventuriers, des touristes, des excursionnistes ou des gens qui s’engagent dans l’ordinaire itinérant ? Sommes-nous en train de repenser le rapport à la nature dans la manière de créer des échanges avec les habitants, la faune et la flore, la terre et les eaux, le vent et la rocher ? L’éco-itinérance est-elle une appellation dans l’air du temps pour faire différent tout en faisant la même chose que les itinérances classiques ? Les expéditions polaires, maritimes ou himalayennes sous l’apparence de l’exotisme ne sont-elles pas aujourd’hui d’une banalité aventurière ou d’un classicisme culturel ? La nature est-elle simplement pensée et vécue comme un palliatif au stress urbain et à la routine du quotidien ou sommes-nous dans le cadre des itinérances des profondeurs en présence d’individus qui investissent différemment la nature et perçoivent autrement sa place dans nos sociétés en errance ?

 

Sur un plan logistique et pratique se pose la question des procédures engagées pour s’engager dans l’itinérance des profondeurs. En effet, la constitution des itinéraires, la définition du concept et du projet, l’approche de la sécurité, les types de transport, les liens avec les autres (livres, téléphone, internet,…) ou encore le choix du matériel ne sont pas des opérations et des pratiques qui vont de soi. Sans aucun doute, toute cette activité nécessite de développer des compétences pour organiser cette immersion longue dans la nature en référence à des styles itinérants, à des principes organisationnels particuliers, à des habitudes vécues ou à des orientations expérientielles désirées. De même, l’itinérant lors de ces déplacements s’inscrit dans un quotidien où la vie s’organise autour des hébergements, des rencontres, d’échanges avec les membres du collectif, des repas et des multiples petites tâches qui ponctuent le rythme des journées. Une organisation du temps itinérant se construit qu’il semble intéressant d’expertiser pour mieux comprendre comment les identités contemporaines peuvent trouver dans ces pratiques une manière de repenser la vie en société. La lecture que les professionnels, les scientifiques, les aventuriers et les experts en ingénierie itinérante portent sur ces sujets apparaît fondamentale pour améliorer la connaissance de ces pratiques en situation.

 

Les sciences sociales dans le cadre de ce colloque peuvent nous aider à comprendre ces pratiques et à produire d’autres cadres de lecture que ceux issus des récits de course et de voyage permettant d’aborder autrement le rapport à la nature des profondeurs. L’enjeu n’est pas seulement de s’inscrire dans une analyse des formes d’excellence sportive en nature (pour atteindre le sommet, faire une performance, battre un record,..) mais d’étudier aussi la pratique de ceux qui envisagent l’itinérance comme une occasion d’une rencontre avec différentes dimensions culturelles, sociales et écologiques de la nature ou comme mode de vie. L’orientation théorique proposée (sociologie du sensible, approche ethnographique, anthropologie cognitive, géographie culturelle, économie du voyage…) et le choix des objets d’étude (pratiques alternatives ou atypiques, récits de voyage, immersion dans un groupe, territoire itinérant,…) sont autant d’ouverture pour apporter des connaissances précises sur ces objets.

 

 

Les personnes pressenties en tant qu’acteurs de l’itinérance (Niels Martin)

-  Pour le volet professionnel / agence : Paulo Grobel : guide de haute montagne qui organise des expés longues en Himalaya, avec notamment une invention à lui, la « stratégie de l’escargot » pour aller doucement vers le sommet.
-
 Pour le volet média / presse : Johanna et Olivier Nobili, rédacteurs en chef du magazine Carnets d’Aventure (qui est je pense le média le plus spécialisé dans les itinérances longues).

- Pour le volet pratiquant : Emmanuel Desmaris et sa compagne, qui sont allés l’an passé de Briançon en Chine à vélo (sur un an), et ont notamment collecté des contes pour enfants dans tous les pays traversés (ils sont en train d’en faire un bouquin).

– Je vais essayer de contacter Eric Loizeau (navigateur), je pensais aussi à Olaf Candau (qui a écrit « un an de cavale » et « un an de cabane », tu peux visiter son site http://candau.perso.cegetel.net.perso.cegetel.net/indexc.htm ).

 

 

Contexte

Ce colloque s’intègre aux 7° rencontres expéditions qui a lieu chaque année à la Grave. Vous pouvez consulter le site et le programme à l’adresse suivante : http://www.rencontres-expes.com/

 


Organisateur

Réseau sportsnature.org

GTA

http://www.rencontres-expes.com/

Laboratoire Territoires, UMR PACTE

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité