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17 mai 2009

A contre Corps/ Constellation Metz

À CONTRE-CORPS : OEUVRE DE DÉVORATION

Anna_Maria
Anna Maria Maiolino, In-Out Antropofagia,
1973. Film Super-8 transféré sur Dvd, 8’14’’,
son. Collection Frac Lorraine. © D.R.

Au FRAC Lorraine

Présentée dans le cadre de la manifestation Constellation, l'exposition À contre-corps réunit les oeuvres des artistes de la scène brésilienne Lygia Clark, Anna Maria Maiolino et Cildo Meireles autour de l'idée d'oeuvre « dévorante ». Dévoration physique de l'espace occupé, habité, voire phagocyté. Dévoration psychique de l'individu ingéré, assimilé, « devenu » collectif. Dévoration intellectuelle et sociale qui fait de l'autre une part de soi, et réciproquement.

L'anthropophagie telle que définie par le manifeste du poète brésilien Oswald de Andrade[1] sert aussi de possible fil directeur à cette exposition construite physiquement autour de l'oeuvre de Cildo Meireles. Si O. de Andrade pense l'acte de dévoration intellectuelle comme forme d'apprentissage et acte d'appropriation du monde, La Bruja I constituée de milliers de kilomètres de fils de coton s'approprie littéralement l'espace du Frac, allant jusqu'à déborder dans la rue et déverser ainsi de fait l'espace privé dans l'espace public. Disséminées le long du parcours dessiné/dévidé au sol, les oeuvres historiques de Lygia Clark et Anna Maria Maiolino viennent tisser - entre langage et salive - de nouveaux liens signifiants, sensitifs et formels.

Les photographies des performances collectives Canibalismo et Baba Antropofágica (1973) réalisées par L. Clark à Paris avec des étudiants de la Sorbonne témoignent de son exploration du psychisme humain par l'entremise d'expérimentations sensorielles « à contrecorps » où surgit l'énergie vitale présente en toute chose. Autre figure marquante de cette période, A. M. Maiolino est présente ici avec la vidéo In-Out Antropofagia (1973) où se succèdent en plans serrés des bouches affamées (de liberté, de communication, de revendication) : espaces transitoires, lieux d'échange entre intérieur et extérieur, de déversement et d'absorption. Invité à exposer au Frac suite à sa résidence au Centre d'art contemporain - La Synagogue de Delme début 2009, Mathieu K. Abonnenc y présente des vues nocturnes de la forêt amazonienne d'où sourd une étrangeté inquiétante.

Pauses vertigineuses au « bord du monde »[2], les oeuvres d'À contrecorps invitent à une expérience dont on ne sort pas indifférent.

[1] Oswald de Andrade, « Manifeste Anthropophage », in Brésil/Europe : repenser le Mouvement Anthropophagique, Actes de colloque, Collège international de philosophie, Paris, revue Papiers, n°60, sept. 2008, p.8.
[2] Suely Rolnik, « Anthropophagie zombie », in loc. cit., p.44.

Lien vers le dossier de presse
Lien vers le site du FRAC Lorraine

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