Le corps abîmé 30 juin CREM/Corps en actes Univ Metz
Journée d’étude organisée par le Pôle d’Etudes et de Recherches du CREM (Centre de Recherche sur les Médiations) sous la responsabilité de Jean-Marc Lachaud et de Claire Lahuerta Le corps ne laisse pas les artistes contemporains indifférents. Au contraire ! De nouvelles conceptions, quant à sa (re)présentation et quant à ses mises en scènes, bouleversent la création artistique actuelle. Figurés / défigurés, beaux / laids, ouverts / fermés, masqués / dénudés, libérés / soumis, propres / sales, jouissants / souffrants, exaltés / anesthésiés, sains / pathologiques, intègres / morcelés, concrets / virtuels… les corps donnés à voir par les pratiques artistiques se révèlent complexes (et, dans certains cas, peut-être, ambivalents). Leur matérialité et leur intériorité, leur enveloppe et leurs entrailles, leurs mouvements accordés et désaccordés, leurs déplacements harmonieux et chaotiques, leurs gestes codifiés et décalés, leurs cris et leurs silences, leur animalité et leur humanité, leur candeur et leur impureté, leurs désirs et leurs peurs, leur disponibilité relationnelle et leur solitude, leur enracinement et leur mémoire… sont méticuleusement sondés, exhibés... Ils se manifestent, proches et lointains, avec un être-là décapant (mais leurs faiblesses et leurs limites ne sont pas gommées), sourdement rattachés aux (et détachés des) rythmes imposés par les contraintes, les tabous, les angoisses, les blessures, les désordres, les rêves, les espérances, les plaisirs… qui marquent au jour le jour nos corps de chair et de pensée. N’étant nullement épargnés par l’ère des crises que nous vivons (individuellement et collectivement), ils s’instaurent comme les dépositaires fascinants, troublants et parfois horrifiants, de nos incertitudes et de nos errances, de nos résistances aussi. Cette journée autour du corps abîmé est la première manifestation de la ligne de recherche Le corps en actes initiée par Jean-Marc Lachaud et par Claire Lahuerta. Campus du Saulcy UFR SHA Salle D 208 30 juin 2006
10 h 30
Introduction
Claire Lahuerta
Maîtresse de Conférences en Arts plastiques à l’Université Paul Verlaine - Metz
11 h
Bernard Andrieu
Professeur d’Epistémologie du corps et des pratiques corporelles à l’Université de Nancy 1
11 h 30
Géraldine Gourbe
ATER en Esthétique à l’Université Paul Verlaine - Metz
Mal a dit / Corps qui panse : performance, féminisme et « pratiques de la maladie »
14 h
Aurélie Martinez
Doctorante en Arts plastiques à l’Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3
14 h 30
Leïla Rezzoug
Doctorante en Esthétique à l’Université Paul Verlaine – Metz
15 h 30
Roland Huesca
Maître de Conférences en Etudes chorégraphiques à l’Université Paul Verlaine – Metz
16 h
Fabienne Denoual
Doctorante en Arts Plastiques à l’Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
16 h 30
Chute
Martine Maleval-Lachaud
ATER en Esthétique à l’Université Paul Verlaine - Metz
Journée animée
par Jean-Marc Lachaud
Professeur d’Esthétique à l’Université Paul Verlaine - Metz
Professeur d’Epistémologie du corps et des pratiques corporelles à l’Université de Nancy 1 Le corps « introjecte réellement ou imaginairement les choses, engins, instruments, artefacts, prothèses » par une « intrication définitive entre le corps machine et les machines corporelles » (J.M. Brohm, 1985, « Le corps : un paradigme de la modernité ? », Actions et recherches Sociales, n°1, « Corps et Modernité », p. 15-38, ici p. 21). La différence entre prothèse et orthèse est désormais instaurée. Face à nos sociétés fanatiques de biosexe, la pratique d’une sexualité au caractère non naturel du sexe est « une machine qui correspond au corps sexuel moderne et une micromachine virtuelle de production des corps postmodernes » (B. Preciado, 2005, « Plus besoin d’avoir un biopénis pour se brancher au cyberfellateur », Libération, 25 août). Le corps en vertige est un corps fuyant, existant tout entier dans l’intensité de sa propre chute. C’est un corps en pure perte qui n’a d’existence que négative, c’est-à-dire dans le mouvement catastrophique de son propre dessaisissement. Dégringolade, déconfiture, ruine, la réalité du corps en vertige de façon générale n’aurait donc lieu que dans la tension désastreuse qui l’abîme. Pourtant, de catastrophique qu’elle est dans une situation ordinaire, elle se transforme dans les arts et dans de nombreux autres domaines, en un phénomène générateur d’une corporéité extraordinairement féconde. Le vertige (ilinx) ne tétanise plus les corps, mais devient le levier d’une corporéité hallucinée et hallucinante. « La danse commence là où se rompt un point d’équilibre » (Laban), c’est-à-dire dans l’écart comme lieu actif de passage de l’équilibre à la rupture. Et c’est précisément là, à partir de cette dynamique moderne consistant à rechercher la danse au cœur d’une conception « inquiète » du corps, que nous chercherons à voir ce qui, du vertige, hallucine le corps. « J’affirme, pour commencer, que la ‘maladie’ n’existe pas. Il est par conséquent illusoire de penser qu’on puisse ‘développer des connaissances’ à son sujet pour lui ‘répondre’. Ce qui existe, ce n’est pas la maladie mais ce sont les pratiques », écrit François Delaporte (cité par Douglas Crimp dans « Sida : Analyse culturelle-activisme culturel »). Nous reviendrons sur la critique féministe et queer comme « logiciel de déprogrammation » des « pratiques de la maladie » comme le Sida ou encore le cancer et nous interrogerons les productions et les effets d’un art, et plus particulièrement de la performance, dit ‘engagé’ A partir des années 90, poursuivant un travail effectué avec le plasticien Laurent Goldring, certains chorégraphes, dont Xavier Le Roy, exposent sur scène leur étrange nudité. Passant de poses en poses, en de multiples contorsions, ils proposent des formes inédites. Sans cesse, ils défigurent le corps pour mieux le ré-envisager. Pourquoi et comment apparaissent ces formes de mouvance singulières dans l'art contemporain ? Doctorante en Arts plastiques à l’Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3 Dans le langage scientifique, un individu que l'on qualifie de « monstrueux » est atteint d'une perturbation de la morphogenèse. La tératologie ou la classification des « monstruosités » les plus fréquentes se divise en deux groupes : les « monstres » composés et les « monstres » simples ou unitaires. Dans la première famille, les « monstres » doubles ou frères siamois sont les plus répandus. Parmi les « monstres » simples, l'androgyne ou hermaphrodite réunit charnellement les caractéristiques plus ou moins prononcées des deux sexes. Quel sens peut-on accorder à l’utilisation de ces corps mis en abîme dans les œuvres d'art actuelles ? Que nous donnent-ils à voir de l'imaginaire contemporain ? Leïla Rezzoug Doctorante en Arts plastiques à l’Université Paul Verlaine – Metz Géraldine Gourbe
ATER en Esthétique à l’Université Paul Verlaine – Metz
Roland Huesca
Maître de Conférences en Etudes chorégraphiques à l’Université Paul Verlaine – Metz
Aurélie Martinez
Exécutions, dissections, reliques et supplices… Les lois juridiques ou divines étaient les garantes de certaines pratiques du corps mis en pièces qui faisaient l’objet de représentations plastiques ; responsabilité renouvelée par la science ou les médias, qui gardent quelques influences sur l’art. Nous nous interrogerons sur certaines pratiques artistiques contemporaines, à l’heure où il impute à l’artiste ses propres choix de représentation. C’est cette question que nous posons au travers de trois actions où le corps en morceaux se joint à la représentation.