La matière des sentiments/ Pascal Nouvel 06

Collège International de Philosophie et Centre d'Etudes du Vivant, Université Paris 7-Denis Diderot.

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Séminaire : La matière des sentiments

Pascal Nouvel, Université Paris 7-Denis Diderot & Collège International de Philosophie.

Histoire naturelle et politique des amphétamines.

24 février, 17 mars, 7 avril, 12 mai, 16 juin.
18.30-20.30 - Amphithéâtre 56 B< /font>

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Présentation :

Les amphétamines comptent parmi les plus puissants modificateurs chimiques de l'état émotif et cognitif actuellement connus. La première partie du séminaire était consacrée à l'histoire de leur découverte et de leur utilisation jusqu'à la mise en évidence de certains effets toxiques et à leur interdiction mondiale.

De nombreuses réflexions émanant tant de scientifiques que de philosophes, de sociologues, de médecins et d’hommes politiques furent consacrées à l'usage de ces produits et à l'examen de leurs effets, donnant lieu à des publications diverses : livres, articles, études cliniques ou sociologiques, rapports rédigés à l’attention des autorités de santé, etc . Ces textes constituent un riche ensemble de discours dont l’examen révèle, au delà de leur aspect au premier abord disparate, la permanence de certains problèmes épistémologiques et philosophiques fondamentaux : peut-on dire d’une personne qui est sous l’effet d’une substance psychotrope qu’elle est responsable de ses actes ? Est-elle toujours elle-même lorsque son état de conscience est modifié par le produit ? En quoi précisément est-elle transformée ? Est-elle renforcée ou diminuée par l’usage du produit ? Faut-il conseiller ou interdire cet usage ? Quels sont les arguments invoqués par les partisans de chacune des options ?

De cet ensemble de travaux se dégage un aperçu concret sur ce que Michel Foucault appelait le « biopouvoir » qui se manifeste, au XXème siècle, par une im plication croissante des avis médicaux dans les décisions politiques. Deux importantes organisations internationales qui déterminent conjointement la politique mondiale en matière de substances psychotropes constituent un symbole institutionnel de cette implication : L’OMS, d’une part, Organisation Mondiale de la Santé, dont le siège est à Genève et l’ONU, d’autre part, Organisation des Nations Unies, dont le siège est à New York (la première préconise des interdictions, la seconde les décide et se charge de les faire appliquer).

On cherchera, au cours des séances de ce second semestre, à mesurer la pertinence du concept proposé par Michel Foucault en le confrontant aux situations concrètes rencontrées au cours de l'histoire des amphétamines ; histoire qui, à partir de l'interdiction de ces substa nces décidée en 1971, devient, pour une bonne part, clandestine.