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19 janvier 2006

Quel bruit ferions-nous ? A. Farge 05

Le découpage de l’objet cache, souvent par l’intensité de l’image proposée, la méthode sous-jacente qui la produite. La multiplication des sujets sur le corps révèle bien le malaise épistémologique : l’absence de réflexion méthodologique, comme si l’on attendait du corps qu’il produise sa propre épistémologie, présente les objets corporels dans l’immédiateté des témoignages. Les historiens du présent ont ouvert la possibilité d’une description des pratiques et des acteurs corporels. Les témoins corporels deviennent des emblèmes de notre insuffisance à analyser les contextes et les sources. Cette exposition, télévisuelle et médiatique, de l’expérience singulière vise l’émotion et la compassion sans que leur mise en archive du corps puisse échapper au travail de l’interprétation

Mais trop souvent chacun et chacune apparaît comme un référent de sa discipline sur le corps sans parvenir, est-ce une stratégie volontaire d’occultation, de se situer, comme David le Breton vient de le faire pour l’interactionnisme symbolique[1], dans un contexte d’histoires des idées, des modèles, des méthodes et des objets. Il convient de dévoiler le sous-texte, cher à Jean Duvignaud : « on devrait peut-être examiner la trame des formes sensibles ou intellectuelles, configurations d’actions ou d’attitudes que l’on réduit souvent à quelque définition arbitraire, ces « mouvements » dont certains historiens cherchent, - en France avec Bloch ou les Annales – à saisir l’émergence dans le passé »[2]. La généalogie et l’idiosyncrasie du champ d’analyse, notamment en sociologies du corps[3], soulignent le caractère problématique et varié de l’objet du à sa « nature immédiatement biologique et socialement polysémique »[4] Car rappelle Arlette Farge, il n’y a pas d’histoire vraie, la mise en histoire du corps est le plus souvent périodisée[5].

farge_web


[1] D. Le Breton, 2004, L’interactionnisme symbolique, Paris, P.U.F., p. 9-43.

[2] J. Duvignaud, 2005, Le sous-texte, Ed. Acte Sud, p. 10.

[3] S. Kitabki, I. Hanifi, 2003, Introduction : la sociologie et le corps. Généalogie d’un champ d’analyse, dans L. Ciosi-Houcke, M. Pierre, Le corps sens dessus dessous. Regard des sciences sociales sur le corps, Paris, L’haramattan, p. 21-67.

[4] S. Kitabki, I. Hanifi, 2003, Introduction : la sociologie et le corps. Généalogie d’un champ d’analyse, dans L. Ciosi-Houcke, M. Pierre, Le corps sens dessus dessous. Regard des sciences sociales sur le corps, Paris, L’harmattan, p. 21-67. Ici p. 60.

[5] A. Farge, 2005, Quel bruit ferons-nous ?, Ed les prairies ordinaires, p.20-21.

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