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19 mars 2010

Marie L.

http://a31.idata.over-blog.com/236x300/0/19/84/26/photos4/1eredeCouv_RedSofiaSong.jpgL. est notamment l’auteur de Confessée, Bloody Marie, Noli me tangere (La Musardine), de Petite mort (Blanche), d’Eaux fortes (Pauvert-Fayard) et de l’ Autre face (en collaboration avec Pierre Bourgeade, Arléa).
... Je m'appelle Sophie, j'ai quarante ans. Je m'appelle Sophie, je m'appelle Marie. Je ne suis personne, je suis deux. Je suis la vie, je suis la mort, je suis humaine. Triste humaine. Ce qui suit est une partie de mon histoire, de mon combat. Ce qui suit est pour toi mon fils. Pour E... ses courants d'air pleins la tête, pour ceux de mes amis encore présents qui attendent ce miracle d'un retour à la vie... " Samara, Costa Rica, Décembre 2009.

"... Et je me demande s'il s'agit d'amour ou de tolérance. Quelle est la situation que ces hommes occupaient en moi, le placement, l'écart à observer, toujours ce placement du sentiment, l'organe habité, le cœur, les poumons, les intestins, en fin de parcours dans un verdict rendu, une condamnation attendue avec interdiction d'y revenir. L'amour se localise ainsi, dans une part de soi colonisée parfois avec violence, parfois plus en opposition, plus doucement, simplement la surface effleurée d'un œil complimenté, quelques centimètres d'une épaule offerte et qui laisse échapper de légers frémissements, dans un frôlement volontaire ou involontaire à un corps autre que le sien. L'empreinte. La reconnaissance des peaux, des corps et des chairs avant celle de l'esprit et inversement. Les ai-je aimés, acceptés parce qu'ils m'aimaient, ou avais-je alors cette capacité de choisir, et de me laisser extraire par un simple regard ? Se détacher de la force de leurs sentiments. Car ils se sont chargés anormalement de moi, dans un excès de tendresse, dans une surenchère féodale de corps cherchant à courber et à domestiquer le mien, dans l'intensité avec laquelle ils tentaient de dévorer mon cerveau. E. mis à part, j'évoque ces hommes sans distinction, les voyageurs d'une nuit, les résidents temporaires, les situations irrégulières. Certains sur le banc de touche, stoppés avant même d'entrer en jeu, les arbitres, les instrumentalisés, ceux qui tenaient l'objet par laquelle la punition allait tomber, d'autres qui recevaient, les agneaux, les despotes, les tyrans, pris dans un agglomérat curieux de qui un jour avaient pratiqué la Sofia Rouge, animal sauvage nommé ainsi par le génie-génial-dans-son-domaine-premier-à-être-gracié, en pensant qu'au-delà de l'innocence transpirée, elles étaient plusieurs à y vivre, abritées et protégées en la Red Sofia, criminelle en fuite, sainte extatique, femme-enfant de tous les genres selon l'angle approché, machine amoureuse, instrument offert au plaisir des uns, au déplaisir des autres, toutes, toutes y étaient en une même unité. Sublime et divine, je l'étais quand encore je vivais. Croupe relevée qui ne demandait alors qu'à prendre un peu plus d'altitude. A trop donner le corps, je me suis perdue dans cette propagande de moi-même, ascendance, manipulation malheureuse et domination involontaire, tout ça pour ne jamais plus être abandonnée comme je le fus en pénétrant ce monde. Et je suis partie, fatiguée, la mystification devenant indigeste, je suis toujours partie, victime d'une lassitude dans la répétition, de savoir avant même de commencer que l'histoire porte en elle sa propre mort et que son existence ne tient que parce qu'elle a une fin... "

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