Le congrès, procès de l'impuissance

Le procès qui se tient là, dans cette sordide étuve peuplée de prêtres, médecins, matrones et courtisans en mal de spectacle, en cette année 1685 à Versailles, n’a rien de banal : il s’agit d’un congrès, épreuve durant laquelle un mari, accusé d’impuissance, est sommé d’honorer publiquement son épouse. Parce qu’elle est protestante, Jehane est poursuivie par la vindicte de sa belle-famille. Parce qu’il est héritier de charges lucratives, son mari doit disparaître au profit de son neveu. La machination démoniaque conçue par Louise de Vallade pour se débarrasser de sa belle-soeur et de son beau-frère aboutit à cette scène contre nature : un homme et une femme, nus, contraints de « dresser, mouiller, pénétrer» devant une foule goguenarde. Le désir peut-il se glisser dans une telle parodie de l’acte d’amour ? Comment survit-on à une telle épreuve ? S’appuyant sur des faits historiques, Jean-Guy Soumy traite avec une grande subtilité ce sujet extrême, d’une force extraordinaire.

Le “Congrès”, cet incroyable procès en impuissance…

Benoit Vochelet | 12 janvier 2010 |  Tags impuissance, Jean-Guy Soumy, Le COngrès, procès 1 Commentaire

http://livres.blogs.paris-normandie.fr/2010/01/12/le-congres-cet-incroyable-proces-en-impuissance/

Le blog Livres de Paris-Normandie vous propose, aujourd’hui encore, un excellent bouquin. “Le Congrès” est un roman de Jean-Guy Soumy (Robert Laffont). Et c’est assurément l’un des grands livres de la rentrée littéraire de 2010.

Jean-Guy Soumy, qui dans le “civil” est prof de maths à l’IUFM de Limoges, est allé puiser dans notre histoire européenne du XVIIeme siècle, une procédure hallucinante : le Congrès. Il s’agit tout simplement d’un procès en impuissance ! Pour contrer une accusation d’impuissance, l’époux devait tout simplement honorer son épouse… devant un tribunal au grand complet. Il devait, selon la formule, “dresser, pénétrer et mouiller”. Procédure un peu inquisitoriale, non ?

Pourquoi un tribunal d’église pouvait-il se saisir du dossier ? Tout simplement parce qu’il était question de profanation des liens sacrés du mariage ! L’époux accusé d’impuissance était “coupable” de s’être marié en se sachant incapable de remplir la dette conjugale.

Le blog Livres Paris-Normandie a effectivement trouvé, merci aux recherches de Pierre Bouillon, deux mentions de cette procédure du Congrès. Tout d’abord dans la Première édition du dictionnaire de l’Académie française de 1694. On y lit : “Epreuve de la puissance ou de l’impuissance ordonnée par la justice qui le pratiquait autrefois et qui a été supprimé en 1677″. La définition est presque semblable dans le Dictionnaire de Pierre Richelet de 1728. Nous y trouvons au mot Congrez : “Accouplement charnel de l’homme et de la femme ordonné par la cour.  Le Parlement abolit par un arrêt de 1677 l’usage du Congrès”.

Cependant “Le Congrès” de Jean-Guy Soumy n’est pas un manuel d’histoire. Loin de là. Il s’agit d’une belle œuvre de fiction installée au cœur du conflit catholiques-protestants. On s’installe avec plaisir dans ce roman animé de personnages particulièrement fouillés. Un vrai bonheur de lecture.
Pour lire les premières pages de cet ouvrage, c’est ici.
“Le Congrès” de Jean-Guy Soumy (Robert Laffont)  19 €