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28 février 2009

Paquerette

"Gentiment laminée par Pascal Bély, crucifiée par Rosita Boisseau, la Pâquerette de François Chaignaud et de Cecilia Bengolea restera-t-elle dans les annales ? Les critiques sont d'ores et déjà divisés. Dominique Frétard dans le Monde 2, entre autres, signe un papier beaucoup plus favorable à cette audacieuse entreprise, et Guy Degeorges se montre bienveillant.

Rappelons-en le concept. Pâquerette fait un clin d'oeil à un obscur livret écrit par Théophile Gautier pour un ballet-pantomime d'Arthur Saint-Léon (1851), sans entretenir aucun autre rapport avec lui.

Toute la pièce repose sur l'utilisation dans la danse de l'anus et de sa pénétration, à l'aide des doigts ou d'un godemichet. L'idée est nouvelle et ne manque pas d'intérêt. Cette intromission est source de sensations et de contraintes singulières pour le danseur, et de plaisirs et de douleurs d'ordre plus sexuel que l'exercice des autres parties du corps traditionnellement mises en jeu dans la danse.

Pour autant, la mise en scène des orifices corporels (la bouche mise à part qui, comme élément du visage, est un organe essentiel de l'expression humaine) relève de la gageure. Le corps a beau être nu, ses trous sont trop petits, trop figés pour être, à proprement parler, spectaculaires. A l'usage, cette pénétration ne semble donc pas modifier fondamentalement le geste dansé. Dans Pâquerette, il se révèle même plutôt banal, approximatif, mollasson, malgré quelques sauts vigoureux qui atteignent presque le plafond (très bas) de la salle de la Ménagerie de verre. Du point de vue du spectateur, le porté nouvelle manière ne diffère de l'ancien que dans le détail.

Cette discrétion foncière oblige les deux interprètes à surjouer, à grands renforts de râles et de grimaces extatiques. Ceci est particulièrement vrai dans la première partie, conçue littéralement comme une lente introduction, où les danseurs assis se présentent couverts, parés et grimés comme de nouveaux époux, yeux délicatement révulsés, comme les mystiques du Grand Siècle. Du coup, la performance manque de naturel, flirte avec le bouffon, invitant le public à rire (ce qu'il fait de bon coeur).

Bref, Pâquerette laisse un sentiment d'artificiel et d'inabouti, d'exercice de style un peu vain. Certes, comment aller plus loin, développer un tel concept, le rendre plus perceptible ? Le mérite de la pièce reste sans doute d'ouvrir, par son esprit bon enfant (car elle ne donne pas dans la provocation ni dans l'agression gratuite), la voie à de nouvelles expériences, et d'introduire le sexe dans la danse de manière plus directe et décomplexée. A voir le public qui squattait le premier rang - encadrant un vieux couple bourgeois en mal de perversion, une brochette de voyeurs patibulaires - il reste beaucoup à faire dans ce domaine...

Malgré la déception, j'accorde donc sans regret à François Chaignaud et à Cecilia Bengolea le bénéfice de la candeur. Et je pardonne beaucoup à Cecilia Bengolea qui, dans une interview, déclare s'inspirer d'Isadora Duncan et de sa révolutionnaire liberté. Elle n'a pas tort". Jean Delatour

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Commentaires
M
Very good
J
Bonjour,<br /> Merci de l'intérêt que vous avez pris pour mon article. Vous seriez gentil cependant de corriger mon prénom (Jérôme et non Jean) et surtout d'ajouter un lien vers le blog dont l'article est extrait, Images de danse : http://imagesdedanse.over-blog.com/article-25341398.html<br /> Bien à vous,<br /> Jérôme Delatour.
G
et bien !! instructif tout ça..
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