Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Leblogducorps
Leblogducorps
Publicité
Archives
9 octobre 2006

Lesbiennes en France

La visibilité lesbienne en France (5e partie)

http://entr-elles.spaces.live.com/Blog/cns!37793A67B879E4AA!567.entry

Les associations et groupes
Avant la décennie 1990, une lesbienne française des années 70 et 80 disposait pour rencontrer d’autres lesbiennes soit – si elle était féministe – des lieux du mouvement des femmes, soit – si elle ne l’était pas – de quelques rares bars et boîtes, mixtes le plus souvent (et ça n’a guère changé). À partir des années 1990, les associations, relayées par Lesbia Magazine, ont élargi l’horizon lesbien, contribuant, à donner aux lesbiennes françaises force et légitimité ainsi que l’opportunité d’œuvrer collectivement en tant que citoyennes comme en tant que lesbiennes, tout en se socialisant « lesbien », en découvrant/construisant leur culture et en se constituant un réseau de connaissances et d’amies. (Comme le dit l’humoriste Shelly Roberts dans ses Roberts’ Rules of Lesbian Living : « Votre gynéco n’a pas à être lesbienne. Mais ça aide. Votre avocate n’a pas à être lesbienne. Mais ça aide. Votre amante, cependant, doit être lesbienne. C’est obligatoire. » – Aïe ! Pardon Fannie, chère bie de mon cœur…)
Selon les associations, l’accent est mis sur la convivialité (repas, balades, fêtes, loisirs, sports), la culture et l’expression lesbiennes (débats, cinéma, vidéo, littérature, théâtre, musique, photos, arts plastiques), ou les actions à caractère politique ou identitaire (actions contre la lesbophobie, le racisme, la misogynie, l’extrême droite, pour la visibilité, la solidarité avec les femmes agressées, lesbiennes ou non, participation à la Marche mondiale des femmes, à la journée internationale contre l’homophobie, à la commémoration de la journée de la déportation – la liste n’est pas exhaustive). Une mention spéciale au CEL (Marseille) qui assure depuis cinq ans une écoute téléphonique en direction des lesbiennes, initiative unique en France, et a produit un travail conséquent sur le thème de la santé lesbienne.
Certaines associations diffusent le journal de leurs activités auprès de leurs adhérentes et des autres associations : Clap Info (Cineffable, association organisatrice du festival Quand les lesbiennes se font du cinéma, Paris) – Lesbroufe ( Les Voies d’Elles, Grenoble) – La Lune (La Lune, Strasbourg) – Contes de fées (Femmes entre elles, Rennes). Certaines ont leur site ou sont hébergées (15) : les archives lesbiennes, Paris – Bagdam Espace lesbien, Toulouse – Le CEL, Marseille – Cineffable, Paris – CQFD/Fierté lesbienne, Paris – Lesbi-Art (réseau national) – Les Voies d’Elles, Grenoble – La Barbare, Montreuil, Les Bénines d’apie, Paris…
Par ailleurs, il existe un peu partout des groupes informels autour d’un projet, comme “ Le Placard brûle ” à Toulouse (BD lesbiennes – lolagouine@yahoo.fr) dont le caractère éphémère rend difficile le recensement.
Mais en 2006, un constat s’impose : la grande vague collective lesbienne en France issue de l’expérience féministe n’est plus. Depuis 1999, de nombreuses associations ont soit fermé leurs portes, soit restreint ou réorienté leurs activités. Ce qui a pour conséquences une raréfaction des lieux d’accueil et de socialisation pour les nouvelles arrivantes et la perte de la mémoire et de la transmission de la culture lesbienne – les lieux pérennes sont irremplaçables pour la transmission car ils permettent des échanges in vivo et au long cours, notamment intergénérationnels.
Les années 1990 ont été les années lesbiennes féministes, les années 2000 sont les années LGBT (lesbiennes, gays, bi, transsexuels) identitaires, avec l’apparition d’un vaste tissu associatif où la mixité relève de l’impératif catégorique. L’extraordinaire fécondité de la non-mixité rendue possible par le mouvement des femmes, antidote de la misogynie et outil magnifique pour construire, entre autres, le genre lesbien, ne fait pas partie de l’histoire, de la mémoire, de la vie de la plupart des lesbiennes, militantes ou non, des nouvelles générations. Beaucoup viennent de l’expérience gay identitaire, de la lutte contre le sida, de la mouvance queer. Voilà qui est bien plus valorisant, médiatisé et branché que le féminisme ou le lesbianisme politique. Femme et lesbienne are not beautiful… Le grand mouvement actuel où elles peuvent se socialiser est le mouvement LGBT, dominé qu’on le veuille ou non par des problématiques, des valeurs, des jeux, des intérêts masculins : Gay is dominant. Le préprogramme des universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités 2005 à Marseille est révélateur à cet égard : sont prévus, entre autres, un « cycle visibilité lesbienne », un «cycle visibilité trans », un « cycle malentendantEs » ; point de « cycle gay » et pour cause : Gay is dominant et il a ses minorités… Le concept de lesbophobie a bien du mal à s’imposer (16), « l’épithète qualificatif lesbienne a même disparu, désormais réduit à cette initiale, à cette seule et muette majuscule : L. Soit le 1/4 de portion du fameux sigle fédératif (pour fédérer quoi au juste ?) et abusivement consensuel » (17). Les lesbiennes ou « l’éternel retour… à l’invisibilité » (18).
Les lesbiennes de la génération MLF se sont noyées/invisibilisées un temps dans les problématiques hétérosexuelles (contraception-avortement…), les lesbiennes inscrites dans le mouvement identitaire ou dans « le tous-genres » ne se noient-elles pas dans des problématiques qui ne sont pas les leurs ? À elles de voir. À chacune son roman d’apprentissage. Quoi qu’il en soit, saluons la combativité des militant/e/s LGBT qui sont sur tous les fronts : culturel avec l’organisation de festivals de films un peu partout en France, politique avec le bras de fer qui les oppose au pouvoir actuel sur l’égalité des droits, et des actions/réactions nationales comme la campagne pour faire annuler la tournée de concerts, prévue en juin 2005, d’une star homophobe du reggae, Capleton. Tout ce travail ne peut qu’avoir – du moins momentanément – des retombées positives sur le rapport de forces hétéro/homo.

15. les archives lesbiennes : arcl.free.fr – Bagdam Espace lesbien : bagdam.org – Le CEL : celmrs.free.fr – Cineffable : cineffable.fr.fm – CQFD/Fierté lesbienne : fiertelesbienne.org – Lesbi-Art : membres.lycos.fr/lesbiart1/ – Les Voies d’Elles : les-voies-d-elles.com – La Barbare : la_pie.club.fr/elles/index.htm – Les Bénines d’apie : lesbenines.org…
16. Mais les choses avancent, grâce surtout à l’action de la Coordination lesbienne en France qui fait connaître aux élus et aux représentants des institutions le dossier rédigé par la commission Lesbophobie de la CLF sur les discriminations et violences lesbophobes et sur le sexisme qui les imprègne. La CLF a, par là même, largement contribué à l’adoption du concept de lesbophobie par nombre de féministes, mais aussi dans le milieu gay qui était hostile à ce terme il y a peu (S.O.S. Homophobie a récemment édité une plaquette sur ce thème, alors qu’il y a quelques années il n’y avait pas de distinction entre lesbiennes et gays dans ses rapports). Les Dictionnaire de l’homophobie et Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes comportent une entrée Lesbophobie.
17. Lire « F(emale) to L(esbian) : pour un nouveau GENRE de visibilité », communication de Jacqueline Julien au colloque Le sujet lesbienne - Subvertir la pensée hégémonique - pour une réécriture du symbolique, Rome, 14-15 mai 2005, Espace lesbien n° 4, 2e édition, 2005, et sur le site de Bagdam Espace lesbien.
18. Ibid.

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Bonsoir,<br /> Je suis agréablement surprise de découvrir un de des textes que j'ai mis dans mon espace ici sur votre blog et je vous en remercie. Je suis flatée qu'il vous ait intéressée mais il est vrai que cette étude que j'ai exposée en plusieurs parties était fort pertinente d'un point de vue historique et sociologique.<br /> Je manque de temps pour découvrir plus à fond les textes de votre blog, mais je reviendrai...<br /> Bonne soirée
Publicité