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3 juillet 2006

Qu'est-ce qu'un corps ? Musée du quai branly

Directeur d’ouvrage :

Stéphane Breton ; anthropologue, maître de conférences à l’EHESS, membre du Laboratoire  d’anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège de France).

Auteurs :

     

  1. Michèle Coquet, anthropologue, chargé de  recherches au CNRS, membre du laboratoire « Systèmes de Pensée en Afrique  Noire » (EPHE/CNRS) 
  2. Michael Houseman, anthropologue,  directeur d’édudes à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, directeur du  laboratoire « Systèmes de Pensée en Afrique Noire » (EPHE/CNRS) 
  3. Jean-Marie Schaeffer, philosophe,  directeur de recherche au CNRS, directeur du Centre de recherche sur les arts  et le langage (CNRS/EHESS) 
  4. Anne-Christine Taylor, anthropologue,  directeur de recherches au CNRS, membre de l’équipe de recherche en Ethnologie  amérindienne 
  5. Eduardo Viveiros de Castro,  anthropologue, professeur d’anthropologie au Museu Nacional do Brasil, Rio de  Janeiro, directeur de recherches associé à l’équipe de recherche en Ethnologie  amérindienne (CNRS).

Exposition présentée  au musée du quai Branly du 19 juin 2006 à décembre 2007

J’ai un corps bien à moi, semble-t-il, et c’est ce qui fait  que je suis moi. Je le compte parmi mes propriétés et prétends exercer sur lui  ma pleine souveraineté. Je me crois donc unique et indépendant. Mais c’est une  illusion, car il n’est pas de société humaine où l’on pense que le corps vaille  par lui-même. Tout corps est engendré, et pas seulement par ses pères et mères.  Il n’est pas fabriqué par celui qui l’a, mais par d’autres. Pas plus en  Nouvelle-Guinée, en Amazonie ou en Afrique de l’Ouest qu’en Europe, n’est-il  pensé comme une chose. Il est au contraire la forme particulière de la relation  avec l’altérité qui constitue la personne. Selon le point de vue de  l’anthropologie comparative adopté ici, cet autre est, respectivement, l’autre  sexe, les espèces animales, les morts ou le divin (sécularisé, à l’âge moderne,  dans la téléologie du vivant). Oui, mon corps est ce qui me rappelle que je me  trouve dans un monde peuplé, par exemple, d’ancêtres, de divinités, d’ennemis  ou d’êtres du sexe opposé. Mon corps bien à moi ? C’est lui qui fait que  je ne m’appartiens pas, que je n’existe pas seul et que mon destin est de vivre  en société.


* Stéphane Breton

Stéphane Breton est anthropologue, réalisateur de films documentaires, maître de conférences à  l’EHESS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège de  France).

Il a publié plusieurs livres parmi lesquels : 

  • Télévision

Un essai acide et minutieux sur  ce média, à travers lequel il dresse un portrait de notre époque. Grasset,  2005

  • La mascarade des sexes

Analyse anthropologique de  certaines pratiques particulières aux peuples de la Nouvelle-Guinée.

Calmann-Lévy, 1994

  • Les fleuves immobiles

Carnet de voyage en  Nouvelle-Guinée auquel l’écriture poétique fournit un climat d’une rare  intensité.

  Calmann-Lévy, 1994

Il a également réalisé trois films, chronique de séjours passés chez un peuple des Hautes-Terres de Nouvelle-Guinée, les Wodani, et chez les Kirghizes, diffusés sur Arte.

  • Eux  et moi

Les  films d’ici & Arte, 2001

  • Ciel  dans un jardin

Les  films d’ici & Arte, 2003

  • Un été silencieux

2006

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Commentaires
C
Extraits de films de Stéphane Breton sur :<br /> http://www.artevod.com/programDetails.do?emissionId=1495
C
Portrait<br /> Stéphane Breton, l'hérétique du Quai Branly<br /> LE MONDE | 26.06.06<br /> <br /> Stéphane Breton est aux yeux de beaucoup de ses collègues de l'Ecole pratique des hautes études en sciences sociales (Ehess), où il enseigne, un hérétique, surdoué, mais trop éclectique. Son attitude réservée, ses jugements abrupts ne renforcent pas sa popularité. D'une honnêteté scrupuleuse, il n'est pas doué pour le compromis. Il en a fait les frais : il a été retoqué deux fois à l'Ehess avant d'être coopté.<br /> Faire le portrait de ce séducteur qui refuse la séduction n'est pas facile. L'homme cultive le secret, et sa sphère privée est inabordable. Ses collègues reprochent à ce travailleur acharné, qui ne supporte ni l'amateurisme ni la médiocrité, de faire cavalier seul, d'avoir du mal à travailler en équipe. "Collaborer avec lui, c'est une horreur, dit l'un. Rien n'est jamais assez bien."<br /> A 46 ans, ce Parisien fils d'ingénieur a déjà un parcours bien rempli. Il a été élevé dans un collège catholique. "J'y ai découvert la promiscuité, donc la solitude", dit-il. Lauréat du concours général de philosophie, il passe par Normale Sup puis étudie la géographie et l'histoire du paysage à Berkeley, aux Etats-Unis. Marc Augé l'héberge à la Maison des sciences de l'homme. On le voit aussi à Rome, pensionnaire de la Villa Médicis. Un moment, il se prend de passion pour les échecs et dévore les manuels, certains en russe - une des langues qu'il maîtrise.<br /> Mais il a surtout le goût des voyages. On le voit en Chine, il parcourt le Tibet en camion, se rend en Indonésie. En 1983, il part pour la Nouvelle-Guinée. Episode déterminant. "C'était un voyage d'étudiant, se souvient-il, mais j'y ai découvert une vie, le regard des hommes, des odeurs, une température de l'eau, le goût nouveau de la nourriture."<br /> Il y reviendra une douzaine de fois, en ethnologue, essentiellement chez les Wodani, sur les hautes terres de Papouasie-Occidentale. "Sur le terrain, dit-il, le plus beau, c'est le temps qui passe et coule comme un robinet. J'y ai beaucoup appris. Par exemple que les gens sont pauvres et cupides. Et que l'échange, intellectuel comme matériel, est à la base des relations anthropologiques. Il n'y a pas tant de différence entre les deux. Bien souvent le sérieux de l'échange est authentifié par la rémunération. On ne m'avait jamais appris cela." Il le montre à travers ses livres (La Mascarade des sexes, Calmann-Lévy, 1989), Les Fleuves immobiles (Calmann-Lévy, 1994) et ses films (Eux et moi, 2001, et Le Ciel dans un jardin, 2003).<br /> Ses outils sont le carnet de notes mais aussi la caméra. La technique numérique lui permet de filmer à hauteur de poitrine, ce qui facilite le rapport avec son sujet, sans s'effacer. "Si j'ai réussi mon terrain, c'est en grande partie grâce à cet outil qui m'a permis de regarder différemment et d'être plus attentif aux gestes. Ce qui m'intéresse, c'est que la parole ait le poids des gestes. Un documentaire doit être très peu bavard."<br /> C'est le cas de sa dernière réalisation, Un été silencieux, une petite merveille tournée pendant un séjour de quatre mois dans la steppe kirghize. Il refuse le reportage et l'anecdote exotique. Son modèle ? Les petits récits en prose de Baudelaire. "N'importe quoi fait l'affaire. Le merveilleux impalpable de la réalité bête. Chaque film doit être une petite nouvelle, un conte, une petite musique dans un climat qui surprend." Curieusement, cet ethnologue défend une idée artistique, littéraire, du cinéma. "Il est plus intéressant d'être au coeur des choses que de faire un commentaire sur les choses."<br /> Ses modèles sont deux documentaristes au lyrisme contrôlé : le Néerlandais Johann van der Keuken et l'Arménien Artavazd Pelechian. "Mon cinéma restitue le grain du temps, un moment, une lumière et le mouvement dans la lumière. J'ai fait Le Ciel dans un jardin pour une scène d'une minute. Toute la Nouvelle-Guinée était dans le geste d'un homme mangeant une patate douce. Le plaisir du documentaire, c'est d'être en accord avec l'insignifiance des choses."<br /> Avec ce type d'images, Stéphane Breton fait un pas de côté par rapport à l'anthropologie traditionnelle. Son exposition du Quai Branly l'amène à en faire un autre. "Les formes disent souvent beaucoup de choses sur une société. Je suis devenu ethnologue à cause du Musée de l'homme où ma grand-mère m'emmenait. J'adorais les objets dans les vitrines et l'armure végétale de l'homme de Micronésie me faisait rêver."<br /> Aux yeux de sa profession, Stéphane Breton est atypique par ses goûts esthétiques, son cinéma, ses références littéraires. Il est aussi à contre-courant de la pensée dominante en ethnologie. "Comme un certain nombre d'entre nous, explique l'anthropologue André Iteanu, Breton est hostile au courant postmoderne, largement issu des disciples de Foucault, qui revient à tout relativiser, à affirmer que tout est question d'interprétation, de point de vue. Parce qu'il est un voyageur curieux des hommes. Il croit à l'engagement sur le terrain, où on acquiert un savoir qui n'est pas réductible à celui de la bibliothèque."<br /> Le groupe auquel se rattache Breton se retrouve autour du séminaire "La partie et le tout", fondé il y a quatre ans à l'Ehess, fréquenté par des philosophes comme Vincent Descombes, des économistes comme André Orléan ou des anthropologues comme André Iteanu. Constance de Monbrison, qui travaille sur les collections du Quai Branly, note cette capacité à quitter régulièrement sa "spécialité" pour explorer d'autres champs : "Il est passé de la philosophie à l'ethnologie en Papouasie, puis au cinéma en glissant vers la Kirghizie. Avec son exposition sur le corps, il explore le monde des objets. Il rebondit là où on ne l'attend pas." <br /> Emmanuel de Roux<br /> Article paru dans l'édition du 27.06.06<br /> Stéphane Breton, l'hérétique du Quai Branly
C
Diffusé samedi 25 février 2006 à 20h40 sur Arte.<br /> Deux ans après Eux et moi, Stéphane Breton filmait son dernier séjour dans une tribu des montagnes de Nouvelle-Guinée. Un récit magnifique! à l'opposé du film ethnographique et du reportage exotique.<br /> « j'essayai dans cette comédie intimiste de faire leur portrait comme s'ils étaient mes voisins de palier. »<br /> Une interview du réalisateur sur :<br /> http://www.arte-tv.com/fr/connaissance-<br /> decouverte/aventurehumaine/Le_20ciel_20dans_20un_20jardin_20/1126258.html
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