Qu'est-ce qu'un corps ? Musée du quai branly
Directeur d’ouvrage :
Stéphane Breton ; anthropologue, maître de conférences à l’EHESS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège de France).
Auteurs :
- Michèle Coquet, anthropologue, chargé de recherches au CNRS, membre du laboratoire « Systèmes de Pensée en Afrique Noire » (EPHE/CNRS)
- Michael Houseman, anthropologue, directeur d’édudes à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, directeur du laboratoire « Systèmes de Pensée en Afrique Noire » (EPHE/CNRS)
- Jean-Marie Schaeffer, philosophe, directeur de recherche au CNRS, directeur du Centre de recherche sur les arts et le langage (CNRS/EHESS)
- Anne-Christine Taylor, anthropologue, directeur de recherches au CNRS, membre de l’équipe de recherche en Ethnologie amérindienne
- Eduardo Viveiros de Castro, anthropologue, professeur d’anthropologie au Museu Nacional do Brasil, Rio de Janeiro, directeur de recherches associé à l’équipe de recherche en Ethnologie amérindienne (CNRS).
Exposition présentée au musée du quai Branly du 19 juin 2006 à décembre 2007
J’ai un corps bien à moi, semble-t-il, et c’est ce qui fait que je suis moi. Je le compte parmi mes propriétés et prétends exercer sur lui ma pleine souveraineté. Je me crois donc unique et indépendant. Mais c’est une illusion, car il n’est pas de société humaine où l’on pense que le corps vaille par lui-même. Tout corps est engendré, et pas seulement par ses pères et mères. Il n’est pas fabriqué par celui qui l’a, mais par d’autres. Pas plus en Nouvelle-Guinée, en Amazonie ou en Afrique de l’Ouest qu’en Europe, n’est-il pensé comme une chose. Il est au contraire la forme particulière de la relation avec l’altérité qui constitue la personne. Selon le point de vue de l’anthropologie comparative adopté ici, cet autre est, respectivement, l’autre sexe, les espèces animales, les morts ou le divin (sécularisé, à l’âge moderne, dans la téléologie du vivant). Oui, mon corps est ce qui me rappelle que je me trouve dans un monde peuplé, par exemple, d’ancêtres, de divinités, d’ennemis ou d’êtres du sexe opposé. Mon corps bien à moi ? C’est lui qui fait que je ne m’appartiens pas, que je n’existe pas seul et que mon destin est de vivre en société.
* Stéphane Breton
Stéphane Breton est anthropologue, réalisateur de films documentaires, maître de conférences à l’EHESS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège de France).
Il a publié plusieurs livres parmi lesquels :
- Télévision
Un essai acide et minutieux sur ce média, à travers lequel il dresse un portrait de notre époque. Grasset, 2005
- La mascarade des sexes
Analyse anthropologique de certaines pratiques particulières aux peuples de la Nouvelle-Guinée.
Calmann-Lévy, 1994
- Les fleuves immobiles
Carnet de voyage en Nouvelle-Guinée auquel l’écriture poétique fournit un climat d’une rare intensité.
Calmann-Lévy, 1994
Il a également réalisé trois films, chronique de séjours passés chez un peuple des Hautes-Terres de Nouvelle-Guinée, les Wodani, et chez les Kirghizes, diffusés sur Arte.
- Eux et moi
Les films d’ici & Arte, 2001
- Ciel dans un jardin
Les films d’ici & Arte, 2003
- Un été silencieux
2006